vendredi 29 mars 2013

Enseignements Mohawk


Le peuple iroquois ou haudenosaunee est une confédération des nations Mohawk, Oneida, Onondoga, Cayuga, Sénéca et Tuscarora. Nous sommes le peuple de la maison longue, le coeur de notre vie et de nos pratiques spirituelles. Nos langues sont toutes apparentées, bien que les Iroquois de l'est et de l'ouest aient des dialectes quelque peu différents. Par exemple, les Mohawks disent lodeenosaunee alors que les Sénécas disent haudenosaunee. Notre peuple est matrilinéaire, ce qui signifie que notre clan vient de la mère.

Dans les cultures haudenosaunees, vous naissez membre d'un clan; vous ne pouvez pas accéder à un clan particulier en payant ou en y rêvant; nous appartenons au clan auquel appartenait notre mère. Selon nos traditions, l'homme qui se marie doit aménager dans le village de sa femme. Tout va également à la femme, y compris les enfants.

Et on ne peut pas marier une femme de son propre clan. Donc un membre du clan du Loup ne peut pas marier une femme du clan du Loup, ou un homme du clan de la Tortue une femme du clan de la Tortue. Ces gens sont considérés comme des frères et soeurs. Il y a quelque temps, certains d'entre nous sont retournernés vivre au coeur du territoire mohawk original, sur nos anciennes terres de la vallée Mohawk, près d'Albany, New York.

Vous voyez, quand les Européens sont arrivés, il y a eu des conflits. Les Mohawks les ont combattus pendant un peu plus d'un siècle, pour conserver leurs terres. Mais les épidémies de variole et de rougeole ont tué tellement de Mohawks, et les Européens ont utilisé tant de tricherie et de moyens belliqueux que les Mohawks se sont fatigués et ont monté au nord. En partant, toutefois, nos ancêtres ont dit qu'un jour, leurs arrière-petits-enfants reviendraient. Nous sommes donc revenus dans notre mère patrie en premier lieu parce que nos ancêtres l'avaient prédit. Nous sommes aussi revenus pour donner un souffle nouveau à nos traditions.

Notre récit de la Création parle d'une femme venue d'un autre monde. Un jour, ce monde s'approcha de notre planète et cette femme vint. Elle est l'arrière, arrière-grand-mère des êtres humains, et portait différents noms. Ajinjagaayonh, qui signifie une fleur adulte, était l'un de ces noms. Parfois, nous l'appelons aussi la Femme du Ciel. Lorsque la Femme du Ciel vint sur notre planète, il n'y avait que de l'eau. Les oiseaux l'aidèrent à se rendre et une tortue lui offrit son dos, pour s'y installer. La Femme du Ciel avait apporté différentes choses : des fraises, des framboises et des pêches. Pendant qu'elle était assise sur la tortue, les animaux plongèrent au fond de l'eau pour remonter la terre qui s'y trouvait. Ils rapportèrent la terre à la surface, en recouvrirent la tortue puis moururent tous, sauf un. La Femme du Ciel fit le tour de la tortue dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, ce qui produisit le miracle de la naissance. Les graines se transformèrent en êtres humains et les pousses de maïs en gros épis. Pendant qu'elle faisait le tour de la tortue, la Femme du Ciel chantait des chants provenant de l'autre monde. Certaines personnes y voient les origines de notre danse de la plume; elles pensent que c'est ce qu'elle faisait. Plus elle dansait et plus se poursuivait le miracle de la naissance. La tortue devint la Terre, notre continent, le sol s'étendit et la végétation se mit à pousser. Si nous tournons en rond, de la sorte, lors de nos cérémonies de la maison longue, c'est pour que le maïs, les haricots et les arbres continuent de pousser, parce qu'elle les fit pousser, en ajoutant que c'était la façon de faire dans son monde.

Depuis ce jour, nous formons des cercles sacrés dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, comme le faisait notre grand-mère. Dans les territoires ojibwés ou lakotas, les gens suivent le sens des aiguilles d'une montre. Mes aînés m'ont appris à respecter leurs traditions. Quand le Créateur a parlé aux Ojibwés et aux Lakotas, il leur a dit comment faire; ce n'est pas à moi de mettre cela en doute. Ils dansent dans le sens des aiguilles d'une montre; s'ils me demandent de danser, je les imite.
Et quand un vrai Ojibwé or Lakota vient chez-nous, il fait pareil. Il danse à notre façon, sans hésitation. Nos aînés nous ont appris à procéder de cette façon, dans le respect de l'autre.

Notre mère, la Terre, est donc la fille de la Femme du Ciel. Elle mourut en donnant naissance à deux fils jumeaux. Au moment de sa mort, ils couvrirent son corps d'un monticule de terre. À l'époque, les gens recouvraient les corps; ils ne les enterraient pas au fond d'une tombe. Aux quatre coins du Midwest américain, on trouve des monticules de près d'un demi-kilomètre de haut par 1,5 kilomètre de long. Ils ont été créés, il y a longtemps et ont tous un lien avec ces récits. La fille de la Femme du Ciel donna naissance à deux jumeaux, la nuit et le jour, c'est-à-dire le soleil. La Femme du Ciel préférait la nuit à son frère, le jour, qu'elle n'aimait pas beaucoup.

C'est pourquoi nous appelons la Femme du Ciel Grand-Mère Lune. C'est pour cela que nos esprits ont trois dimensions. Donc, lorsque nous venons au monde, chacun de nous possède trois esprits, c'est-à-dire trois âmes. Vu qu'elle s'est servie des jumeaux pour faire les humains, une de nos parties vient de cet endroit dans les cieux, et y retournerne. C'est pourquoi ont entend les Sénécas, les Mohawks ou les Cayugas crier très fort trois fois lorsqu'ils brûlent du tabac; ils proclament leur humilité et remercient le Créateur et notre mère, la Terre, de leur avoir donné la vie, le privilège de fouler la terre.

Les quatre points cardinaux abritent quatre vents responsables des changements de saison : les vents de l'est, du nord, du sud et de l'ouest. Il y a aussi quatre êtres sacrés, appelés les «créatures du Ciel,» que le Créateur envoya au début de la création lui servir d'assistants et de messagers. Parfois, nous appelons les quatre êtres du Ciel les quatre frères, ou tout simplement le nord, l'est, le sud et l'ouest. Le Pacificateur était l'un de ces messagers. Ils sont venus à différents moments de l'histoire, lorsque notre discipline était chancelante ou que nous oubliions nos enseignements spirituels. Selon la prophétie de la Grande Loi, l'emploi du nom du Pacificateur lors de conversations est signe que nous nous dirigeons vers cet autre monde.

Tous les chiffres ont une histoire à raconter. Par exemple, quand un Haudenausaunee compte de un à dix, il raconte une version très courte de notre récit de la création. Quand nous disons notre mot pour «un», nous faisons référence à la Femme du ciel, qui était là la première. Ensuite, notre mot pour le chiffre «deux» fait référence à la fille de la Femme du ciel, qui a donné naissance à des jumeaux. Chez nous, le mot «deux» provient donc du mot «jumeau.» Quand nous disons «trois», en langue Mohawk, nous pensons au moment où la Femme du ciel a été posée au milieu du dos de la Grande Tortue. Notre mot pour le chiffre trois évoque donc l'idée d'être «au milieu». Dans notre langue, le chiffre quatre évoque le moment où la vie a été donnée, où les gens des quatre races ont commence à respirer, à cligner des yeux et à se déplacer. Le mot signifie " Cela est bon, cela est juste". Quand on dit le chiffre quatre, on évoque ainsi l'arrivée de la vie sur le dos de la Tortue. Il en va ainsi pour tous les chiffres, jusqu'à dix. Ce dernier nous apprend ou nous rappelle l'histoire du Frère qui est devenu la Nuit, l'arrivée sur Terre de la Femme du ciel, le caractère sacré du corps, l'équilibre et enfin, l'endroit d'où nous sommes venus, le Monde du Ciel. Arrivé au chiffre 10, le cycle est complété. Ainsi, quand nous, les Mohawks, comptons de un à dix, nous redisons automatiquement notre récit de la création.

L'une des premières tâches serait d'enseigner aux enfants à prier. Un jour, grand-mère est venue s'asseoir au pied de mon lit et m'a réveillé. Et elle m'a dit : «Alors, je vais te dire. Chaque matin, dès que tu ouvriras les yeux, avant même de mettre le pied hors du lit pour te lever, tu diras "nya weh -- merci, vous qui m'avez fait -- je vous remercie, je vous salue, je vous donne mon amour" parce que le Créateur t'a donné son amour. C'est tout ce que tu dois dire pour rendre le Créateur heureux.

Donc, je dis cela depuis plus de 60 ans, depuis qu'elle me l'a demandé. Les vrais Iroquois devraient faire de 50 à 60 prières par jour.

Source extrait :  Tom Porter

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