jeudi 23 juin 2016

ROSE, le premier magazine Web du Féminin Sacré



ROSE, le tout premier magazine Web sur le féminin sacré. Lancé sur l’initiative de Lise Côté, auteur canadienne et enseignante du féminin sacré.

Par ce portail, elle souhaite interpeller la part de féminin au coeur de chaque femme et de chaque homme et qu’il soit l’écho de la voix de la Déesse. C’est un portail,  rassembleur et unificateur, afin qu’il puisse rejoindre un large public, les femmes et les hommes de la francophonie. ROSE est un projet innovateur de co-création. 

Puisse ROSE vous inviter à déployer votre plus belle nature féminine sacrée et à reconquérir vos pouvoirs féminins en harmonie avec vos pouvoirs masculins. Semons tous ensemble les graines de sagesse, d’amour et de paix pour un monde nouveau, inspiré et éclairé. 

ROSEwebzine

La tente rouge (La fille de Jacob) - Anita Diamant

Prologue

Nous avons perdu contact depuis si longtemps ! Mon nom ne vous dit rien. Mon souvenir est poussière.  Ce n'est pas votre faute, ni la mienne. La chaîne reliant mères et filles s'étant rompue, la transmission de la saga familiale incomba alors aux seuls hommes. [...]
Il y avait beaucoup plus à dire. Si l'on m'avait interrogée, j'aurais commencé par raconter l'histoire de mes parents. C'est le seul début possible. Pour comprendre une femme, il faut d'abord l'interroger sur sa mère, puis écouter attentivement. Si elle vous parle de nourriture, cela indique de très bons rapports. De mélancoliques silences témoignent de problèmes non réglés. Plus une fille connaît de détails sur la vie de sa mère et les décrits ouvertement, sans geindre, plus elle est forte.
Bien entendu, dans mon cas, c'est plus compliqué : j'avais quatre mères. Chacune d'elles me grondait, me sermonnait ou m'aimait pour un trait de caractère différent. D'elles, j'ai hérité des qualités et des craintes distinctes. Léa m'a donné le jour et sa superbe arrogance. Rachel m'a montré où placer les briques de la sage-femme et comment me coiffer. Zilpa m'a appris à réfléchir.
Bilha m'écoutait. Aucune de mes quatre mères n'assaisonnait son ragoût de la même façon. Aucune ne parlait à mon père sur le même ton – et inversement. Sachez aussi que mes mères étaient soeurs, les filles que Laban avait eues de diverses épouses, bien qu'il ne reconnût jamais
Zilpa et Bilha. Cela lui aurait coûté deux autres dots. Or, mon grand-père était un affreux avare. Comme toutes les soeurs qui vivent ensemble et partagent le même mari, ma mère et mes tantes avaient tissé entre elles des liens serrés de fidélité et de rancune. Elles échangeaient des secrets tels des bracelets, et ces secrets m'étaient confiés, à moi, la seule fille survivante. Elles me racontaient des choses que j'étais trop jeune pour entendre. Tenant mon visage entre leurs mains, elles me faisaient jurer que je n'oublierai rien.
Mes mères étaient fières de donner autant de fils à mon père, cela prouvait leur valeur. Mais, sous la tente des femmes, la naissance d'un garçon après l'autre n'était pas une source de joie sans mélange. Mon père se vantait de sa bruyante tribu et ses femmes aimaient mes frères, mais elles avaient aussi envie d'une fille. Dans l'intimité, elles se plaignaient de la semence par trop virile de Jacob.
Les filles allégeaient les tâches de leurs mères. Elles aidaient à tisser, à moudre le grain et à surveiller les très jeunes garçons qui pissaient dans les coins de la tente, même si on le leur avait interdit une centaine de fois.
Les femmes voulaient aussi des filles pour en faire les gardiennes de leurs souvenirs. Une fois sevrés, les garçons n'entendaient plus les histoires de leur mère. Ce fut donc à moi qu'échut ce rôle. Ma mère et mes tantes-mamans me racontèrent d'innombrables anecdotes de leurs vies.
Qu'elles fussent en train de bercer un bébé, cuisiner, filer ou tisser, elles m'en remplissaient les oreilles. Dans l'ombre rutilante de la tente rouge, la tente des menstrues, elles me passaient les doigts dans les cheveux, me contaient les frasques de leur jeunesse et la saga de leurs accouchements. Leurs histoires étaient semblables à des offrandes d'espoir et de courage faites à la Reine du Ciel, à la différence que ces dons n'étaient pas destinés à un dieu ou à une déesse, mais à moi. Je continue à sentir l'amour que mes mères me portaient. Je l'ai toujours apprécié. Il me nourrissait, me maintenait en vie. Même après notre séparation, et même maintenant, si longtemps après leur mort, son souvenir me réconforte.
J'ai transmis les histoires de mes mères à la génération suivante, mais celles de ma vie m'étaient interdites. Ce silence m'a presque tuée. Cependant, je ne suis pas morte. J'ai vécu assez longtemps pour que le souvenir d'autres événements remplisse mes jours et mes nuits. J'ai vu des bébés ouvrir les yeux sur un monde nouveau. J'ai trouvé des raisons de rire et de me réjouir. J'étais aimée.
Et maintenant vous venez à moi, femmes aux mains et aux pieds aussi doux que ceux d'une reine, avec plus de marmites qu'il ne vous en faut pour cuisiner, aux accouchements si peu dangereux, à la langue si déliée. Vous espérez que des mots combleront le grand silence qui nous a englouties, moi, mes mères et mes grands-mères.
J'aurais aimé vous en dire plus sur mes aïeules. Beaucoup de choses, hélas ! Ont été oubliées. Se souvenir semble donc être une tâche sacrée.
Merci d'être venues. Je vais vous confier toutes mes expériences, tous mes secrets, afin que vous puissiez quitter cette tente rassasiées, fortifiées. Bénis soient vos yeux. Bénis soient vos enfants.
Béni soit le sol qui vous porte. Mon cœur est une louche qui déborde d'eau douce.

Une version poche est rééditée depuis le 8 janvier 2016.








Pacha Illariy : L'aube d'une nouvelle ère


Voici une vidéo inspirée des valeurs fondamentales issues de la sagesse des anciens, elle vient nous rappeler que notre but ultime est d'étendre l'amour à l'infini.

À travers des rites, danses, chants et sons multicolores qui émergent de la Nature, s'échangent les connaissances qui naissent de la conscience du cœur.

Les peuples des quatre points cardinaux nous invitent à revenir à la Source, aux vraies valeurs, que les ancêtres nous ont laissées sous multiples formes.

Et cette phrase du film, rayonnante d'évidence comme un rappel urgent du retour à l'Essentiel:

"Au-delà de l'argent, il y a un devoir sacré:
celui de vivre notre existence avec amour, les uns pour les autres"

"Puisse l'amour qui nous unit ici s'étendre à l'infini,
toucher le cœur de tous les êtres de la Terre."

"Puissent tous les êtres dans tous les mondes être heureux"



Pour plus d'information : Pacha Illariy


Song For The Sacred Elements – Chenoa Egawa & Alex Turtle

"Nous présentons cette chanson en reconnaissance aux éléments qui nous donnent la vie, et à tous les peuples du monde qui travaillent ensemble pour unir, d'honneur et d'élever nos voix, des chansons et des prières au nom de notre belle Terre Mère."
Chenoa Egawa & Alex Turtle

Les femmes ont l’âme sauvage

"La Grande Femme", la "nuestra Senora", "Notre Dame", le "Cœur Immaculé", la Mère compatissante.. ils sont nombreux les noms donnés de par le monde à la Vierge Marie.

Pour Clarissa Pinkola-Estés, c'est Notre Dame de la Guadeloupe, la Vierge apparue aux XVIe siècle au petit Juan Diego, l'enfant aztèque qui en reçoit l’emprunte dans sa modeste cape de berger, devenue une figure emblématique du Mexique.

Mais derrière l'immense ferveur populaire nous apparaît l'autre visage de "le Mère" toute-puissante, la Grande Mère que nous, les humains, cherchons "depuis que nous sommes sortis de la brume", et qui, à travers les siècles, nous relie aux déesses-mères fondatrices.

A l'image du Cœur Immaculé qui ne connaît ni faiblesse  ni passivité devant l'injustice, l'auteur appelle à libérer en chacun de nous la "femme puissante", la guerrière protectrice de la VIe qui inspire nos plus hautes actions de compassion.

Entrelacs d'anecdotes, d'histoires émouvantes et de poèmes, ce texte plein d'amour et ancré dans une foi profonde n'en révèle pas moins une connaissance aiguë de la nature humaine.


Disponible en livre de poche.

Terre des femmes

Je vous invite à découvrir le livre Terres de femmes: Initiatrices, guérisseuses, prêtresses, mères, épouses, filles, sœurs… les femmes sont les gardiennes du principe féminin si malmené depuis des siècles. À travers une trentaine d’articles, des femmes nous racontent leur histoire et leur façon de concevoir et de vivre le féminin.



Poème

Il existe une Terre.
Une terre de femmes.
Elle est si vaste, si grande qu’un tour du monde ne suffirait pas !
Quand nos mains y dansent dans cette terre argileuse, nous y rencontrons des mots, des soupirs, des silences, des révoltes, des pardons, des gestes tendres.
Quand nos cœurs s’y relient, nous y entendons des espoirs, des lumières qui dansent, des rêves, des partages, des passages.
Quand nos âmes y chantent, nous savons qu’il existe à présent des havres pour chacune, qu’il est possible ensemble de semer et récolter le féminin en chemin.
Alors je t’invite Toi à écouter les mots de chacune, à tendre ta main, à enserrer les femmes, la femme que nous sommes, que tu es : bienvenue à Toi.

Yaël Catherinet-Buk



Ont participé à cette ouvrage collectif:Yaël Catherinet-Buk, Diane Bellego, Danièle Flamembaum, Nathanaëlle Bouhier-Charles, Karine Nivon, Muriel Bonnet del Valle, Emmanuelle Batifol, Ingrid van den Peereboom, Gabriella Cairo, Laurence Motte, Laetitia Rueda Hernández, Martine Wallez, Aurore Nerrinck, Katia Avelino, Nathalie Malenica, Patricia Sibel, Katia Bougchiche, Marion Derveaux, France Guénette, Marie-Hélène Joudiou, Muriel Plantier, Anne-Rose Baudin, Valeria Ferrante, Véronique Dieudé, Karen Cayuela, Karine Clavier, Diane Gilliot, Sabina Vital, Jacqueline Riquez, Marion Rebérat, Marleen Bernard.

Disponible sur Regard et Voir ou Amazon,chapitre;com, priceminister Fnac...

La couverture est de Lucie Yonnet. voir son site : Lucie Yonnet

Le chant des arbres Blog de Yael Catherinet-Buk

MARCHER SUR LE CHEMIN SACRE DE LA FEMME BISON-BLANC

Les enseignement d’une femme-médecine arc-en-ciel - Brooke Medicine Eagle

«Ces quarante dernières années, Brooke a sillonné l’Amérique du Nord pour transmettre les traditions ancestrales amérindiennes. Héritière passionnée de la Femme Bison Blanc, elle franchit l’océan à plus de 70 ans pour nous faire partager son savoir. Brooke nous honore de la sagesse que lui confère son expérience pour notre plus grand bien ».
Claire Jozan-Meisel

Gardienne de la Terre, visionnaire, enseignante, poète et psychologue, Brooke Medicine Eagle a grandi dans une réserve Crow du Montana. Elle retrace dans ce livre son développement spirituel, depuis ses premiers pas sur son chemin de médecine jusqu’à son travail actuel qui fait d’elle l’une des enseignantes amérindiennes les plus respectées aujourd’hui. Elle nous révèle des traditions passionnantes comme la Roue de Médecine, la guérison par des rituels, le temps du rêve, et la moon lodge – la hutte de lunaison, où les femmes se retirent et ont leurs visions.

On trouvera dans cet ouvrage de très nombreux exercices tirés de l’expérience personnelle de Brooke, que chacun/chacune pourra explorer et intégrer à son rythme et suivant ses besoins pour suivre, à son tour et avec ses propres caractéristiques, le chemin d’évolution de conscience auquel nous sommes tous conviés. Les puissants outils qui nous sont offerts ici intègrent la sagesse ancienne à l’expérience contemporaine, car la Femme Bison Blanc appelle tous les guerriers spirituels à trouver leur véritable place dans la danse de la vie.

« Un tissage foisonnant d’histoires personnelles et de cérémonies, par une véritable visionnaire, une enseignante authentique dans sa Marche sur Terre. À partir de nombreux enseignements amérindiens, Brooke parle ici du Chemin de Médecine Arc-en-Ciel – où chacun est bienvenu pour cheminer tous ensemble, côte à côte. C’est un honneur de lire ce livre. ».

Grand-mère Twylah Nitsch, co-auteur avec Jamie Sams  
La Prophétie de la Pierre Médecine.

Gardiens de la Terre

Le voyage initiatique d'une famille à la recherche d'une nouvelle perspective sur le monde, à travers la rencontre avec « les Gardiens de la Terre ». Australie, Amérique, Afrique... : ce couple et leurs enfants vont parcourir pas moins de 6 continents, sur une durée totale de 5 ans.

Ce film a pour vocation d'éveiller les consciences, il nous tend un miroir, c'est une réflexion sur notre monde civilisé. Plus qu'un simple documentaire, il nous entraîne dans un voyage intérieur. C'est à la fois un appel à nous réveiller et un espoir pour l'avenir.

La légende des papillons !

Comment les papillons apprirent à voler ( Légende amérindienne ).

Quand la Terre était jeune, aucun papillon ne volait ça et là dans les airs et n'illuminait les jours de printemps et d'été de leurs ailes portant les couleurs de l'arc-en-ciel. Il y avait des reptiles, qui furent les ancêtres des papillons, mais ils ne savaient pas voler ; ils ne savaient que ramper par terre. Ces reptiles étaient magnifiques, mais le plus souvent les humains, lorsqu'ils se déplaçaient, ne baissaient pas les yeux vers la terre, aussi ne voyaient-ils pas leur beauté.

En ces temps-là, vivait une jeune femme qui s'appelait Fleur de Printemps et qui était une joie pour tous ceux qui la connaissaient. Elle avait toujours le sourire et un mot gentil à la bouche, et ses mains étaient semblables au printemps le plus frais pour ceux qui étaient atteints de fièvre ou de brûlures. Elle posait ses mains sur eux et la fièvre aussitôt quittait leur corps. Quand elle atteignit l'âge adulte, son pouvoir devint encore plus fort et, grâce à la vision qu'elle avait reçue, elle devint capable de guérir les gens de la plupart des maladies qui existaient alors. Dans sa vision, d'étranges et belles créatures volantes étaient venues à elle et lui avaient donné le pouvoir de l'arc-en-ciel qu'ils portaient avec eux. Chaque couleur de l'arc-en-ciel avait un pouvoir particulier de guérison que ces êtres volants lui révélèrent. Ils lui dirent que pendant sa vie elle serait capable de guérir et qu'au moment de sa mort elle libérerait dans les airs des pouvoirs de guérison qui resteraient pour toujours avec les hommes. Dans sa vision, il lui fut donné un nom : Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel.

Tandis qu'elle avançait en âge, Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel continuait son travail de guérisseuse et dispensait sa gentillesse à tous ceux qu'elle rencontrait. Elle rencontra aussi un homme, un voyant, et elle le prit pour mari. Ils eurent ensemble deux enfants et les élevèrent pour qu'ils soient forts, sains et heureux. Les deux enfants avaient aussi certains pouvoirs de leurs parents et eux-mêmes devinrent plus tard des guérisseurs et des voyants. Tandis qu'elle vieillissait, le pouvoir de Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel grandit encore et tous ceux qui vivaient dans les environs de la région où elle habitait vinrent à elle avec leurs malades, lui demandant d'essayer de les guérir. Elle aidait ceux qu'elle pouvait aider. Mais l'effort de laisser passer en elle tout le pouvoir finit par l'épuiser et un jour elle sut que le moment de remplir la seconde partie de sa vision approchait. Tout au long de sa vie, elle avait remarqué que des reptiles magnifiquement colorés venaient toujours près d'elle quand elle s'asseyait par terre. Ils venaient contre sa main et essayaient de se frotter contre elle. Parfois l'un deux rampait le long de son bras et se mettait près de son oreille.

Un jour qu'elle se reposait, un de ces reptiles vint jusqu'à son oreille. Elle lui parla, lui demandant si elle pourrait faire quelque chose pour lui, car elle avait remarqué que lui et ses frères et soeurs lui avaient toujours rendu service. "Ma soeur, dit Celui qui rampait, mon peuple a toujours été là pendant que tu guérissais, t'assistant grâce aux couleurs de l'arc-en-ciel que nous portons sur le corps. A présent que tu vas passer au monde de l'esprit, nous ne savons comment continuer à apporter aux hommes la guérison de ces couleurs. Nous sommes liés à la terre et les gens regardent trop rarement par terre pour pouvoir nous voir. Il nous semble que si nous pouvions voler, les hommes nous remarqueraient et souriraient des belles couleurs qu'ils verraient. Nous pourrions voler autour de ceux qui auraient besoin d'être guéris et laisserions les pouvoirs de nos couleurs leur donner la guérison qu'ils peuvent accepter. Peux-tu nous aider à voler ?" Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel promit d'essayer. Elle parla de cette conversation à son mari et lui demanda si des messages pourraient lui venir dans ses rêves.

Le matin suivant il se réveilla, excité par le rêve qu'il avait fait. Quand il toucha doucement Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel pour le lui raconter, elle ne répondit pas. Il s'assit pour la regarder de plus près et il vit que sa femme était passée au monde des esprits pendant la nuit. Pendant qu'il priait pour son âme et faisait des préparatifs pour son enterrement, le rêve qu'il avait eu lui revint en mémoire et cela le réconforta. Quand le moment fut venu de porter Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel à la tombe où elle serait enterrée, il regarda sur sa couche et, l'attendant, se trouvait le reptile qu'il pensait y trouver. Il le ramassa avec précaution et l'emporta.

Tandis que l'on mettait le corps de sa femme en terre et qu'on s'apprêtait à le recouvrir, il entendit le reptile qui disait : "Mets-moi sur son épaule à présent. Quand la terre sera sur nous, mon corps aussi mourra, mais mon esprit se mêlera à l'esprit de celle qui fut ta femme, et ensemble nous sortirons de terre en volant. Alors nous retournerons vers ceux de mon peuple et leur apprendrons à voler de façon à ce que se poursuive le travail de ton épouse. Elle m'attend. Pose-moi à présent." L'homme fit ce que le reptile lui avait dit et l'enterrement se poursuivit. Quand tous les autres furent partis, l'homme resta en arrière quelques instants. Il regarda la tombe, se souvenant de l'amour qu'il avait vécu. Soudain, de la tombe sortit en volant une créature qui avait sur ses ailes toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Elle vola vers lui et se posa sur son épaule. "Ne sois pas triste, mon époux. A présent ma vision s'est totalement réalisée, et ceux que j'aiderai désormais à enseigner apporteront toujours aux autres la bonté du coeur, la guérison et le bonheur. Quand ton heure viendra de te transformer en esprit, je t'attendrai et te rejoindrai."

Quand l'homme changea de monde, quelques années plus tard, et fut enterré, ses enfants restèrent en arrière après que tous les autres s'en furent allés. Ils remarquèrent une de ces nouvelles créatures magnifiques qu'ils appelaient papillons, voletant près de la tombe. En quelques minutes un autre papillon d'égale beauté sorti en volant de la tombe de leur père, rejoignit celui qui attendait et, ensemble, ils volèrent vers le Nord, le lieu du renouveau. Depuis ce temps-là les papillons sont toujours avec les hommes, éclairant l'air et leur vie de leur beauté.

Si vous voulez que votre souhait se réalise, vous n'avez qu'à le souffler au papillon. N'ayant pas de voix, il ira porter votre souhait au ciel jusqu'au grand Manitou, où il sera exaucé.

NOTE : Les enseignements traditionnels des amérindiens passaient jadis par des légendes comme celle-la que les anciens du village racontaient autour du feu le soir de pleine lune. Les enfants adoraient les écouter.

Extrait de "La Roue de Medecine" de Sun et Wabun Bear

Un chamane dans la ville

Portrait croisé de deux chamanes suivi d’une interview de l’anthropologue Jérémy Narby

jeudi 16 juin 2016

Poème d'un Indian Elder



Je ne m'intéresse pas à la façon dont tu gagnes ta vie,
Je veux savoir à quoi tu aspires,
Et si tu oses rêver de réaliser le désir ardent de ton cœur.
Je ne m'intéresse pas à ton âge.
Je veux savoir, si pour la quête de l'amour et de tes rêves,
Pour l'aventure de te sentir vivre,
Tu prendras le risque d'être considéré comme fou.
Je ne m'intéresse pas aux astres qui croisent ta lune.
Je veux savoir si tu as touché le centre de ta propre souffrance,
Si les trahisons vécues t'ont ouvert,
Ou si tu t'es fané et renfermé par craintes de blessures ultérieures.
Je veux savoir si tu peux vivre avec la douleur, la tienne ou la mienne,
Sans t'agiter pour la cacher, l'amoindrir ou la fixer.
Je veux savoir si tu peux vivre avec la joie, la tienne ou la mienne,
Si tu oses danser, envahi par l'extase jusqu'au bout des doigts et des orteils
Sans être prudent ou réaliste et sans te souvenir des conventions du genre humain.
Je ne m'intéresse pas à la véracité de l'histoire que tu racontes.
Je veux savoir si tu es capable de décevoir quelqu'un pour rester fidèle à toi-même,
Si tu supportes l'accusation d'une trahison, sans pour autant devenir infidèle à ton âme.
Je veux savoir si tu sais faire confiance, et si tu es digne de confiance.
Je veux savoir si tu peux voir la beauté, même lors des jours sombres
Et si tu peux trouver la source de ta vie dans la présence de cette beauté.
Je veux savoir si tu peux vivre avec l'échec, le tien ou le mien,
Et malgré cela rester debout au bord du lac
Et crier: "Oui!" au disque argenté de la lune.
Je ne m'intéresse pas à l'endroit où tu vis ni à la quantité d'argent que tu as.
Je veux savoir si après une nuit de chagrin et de désespoir,
Tu peux te lever et faire ce qui est nécessaire pour les enfants.
Je ne m'intéresse pas à ce que tu es, ni comment tu es arrivé ici.
Je veux savoir si tu peux rester au centre du feu avec moi, sans reculer.
Je ne m'intéresse pas à ce que tu as étudié, ni où, ni avec qui.
Je veux savoir ce qui te soutient à l'intérieur, lorsque tout le reste s'écroule.
Je veux savoir si tu peux être seul avec toi-même,
Et si tu aimes véritablement la compagnie de tes moments vides.


Oriah Mountain Dreamer (an Indian Elder)

Message des Anciens Hopis



Vous êtes de ceux qui ont dit aux gens, « c'est la Onzième Heure ».

Maintenant vous devez retourner auprès des gens, et leur dire, «c'est l'Heure».

Voici les questions que nous devons contempler :

Où vis-tu?
Que fais-tu?
Quelles sont tes relations? Es-tu en relation juste?
Où es ton eau?

Connaissons notre jardin. Il est temps pour chacun de parler sa Vérité.
Créez votre communauté et soyez bons les uns avec les autres.
Et ne cherchez pas de leader hors de vous-même. Cela pourrait être un bon moment!

Il y a une rivière qui maintenant coule très vite. Elle est si grandiose et si douce que certains pourront en être effrayés. Ils essaieront de s'accrocher à la rive. Ils auront la sensation qu'on les arrache, et ils souffriront beaucoup. Sachez que la rivière a sa destination. Les Anciens disent que vous devez sauter de la rive, atteindre le centre de la rivière, garder vos yeux ouverts et maintenir vos têtes hors de l'eau. Regardez qui est là avec vous, et célébrez!

A ce moment de l'histoire, nous ne devons rien prendre

personnellement, car en dernier lieu vient nous- mêmes! Quand nous y parvenons, notre croissance et notre cheminement spirituel atteint un sommet.

Le temps du loup solitaire est révolu. Réunissez-vous!

Bannissez le mot lutte de votre attitude et de votre vocabulaire. Tout ce que nous faisons maintenant doit être fait de manière sacrée et en célébration.

Nous sommes ceux que nous attendions.

-Les Anciens Oraibi, Arizona Nation Hopi -

LA LÉGENDE DU 5ÈME RÊVE

Une légende raconte qu’au début des temps, le Grand Esprit dormait dans le Rien, le Noir Absolu. Il s’ennuyait beaucoup, Alors, il eut un rêve étonnant, il rêva son contraire. Le premier rêve fut donc la lumière. Et la lumière fut, en 1 milliardième de seconde.

Longtemps, longtemps la lumière chercha son accomplissement, son évolution, jusqu’à ce qu’elle trouve la transparence et l’arc en ciel. Et ce fut l’arc-en-ciel qui régna sur le monde pendant des millions d’années. Il était si beau.

Mais voilà qu’à son tour, l’arc-en-ciel s’emplit du désir de son contraire. Lui qui était si léger, fit le rêve d’être lourd. Et c’est ainsi que le deuxième rêve fut le caillou.

Le caillou lui aussi chercha longtemps son accomplissement, son évolution et il le trouva dans les pierres précieuses, le diamant, le cristal, et ce fut le cristal qui régna à son tour sur le monde pendant des millions d’années. Mais lui aussi se mit à rêver de son opposé.

Lui qui était si solennel, si droit, si dur, si tranchant, il rêva la tendresse, la souplesse, la fragilité́, le brin d’herbe.

Et le troisième rêve fut la fleur. Elle aussi chercha longtemps son accomplissement et ce fut l’arbre qui régna sur le monde pendant des millions d’années, 

Et à son tour, l’arbre fit un rêve. Lui, qui était si ancré à la terre, avec ses racines si profondément enfoncées dans le sol, il rêva de la parcourir librement ;

Le quatrième rêve fut donc le ver-de-terre. La quatrième route.
A son tour, le ver de terre chercha son accomplissement, son évolution à travers le monde animal,  du porc-épic à l’aigle, du puma au serpent à sonnette. Longtemps, il tâtonna.

Et puis un beau jour, dans une immense éclaboussure…apparut le dauphin.

Et là, toutes les bêtes de la terre reconnurent en lui leur accomplissement.

C’est alors que les dauphins régnèrent sur le monde.

Et l’univers entier aurait bien juré que le jeu cosmique allait s’arrêter là, vu que les dauphins semblent être les mammifères les plus intelligents et joyeux de la planète, et qu’ils passent leur temps à se rire des grands requins blancs et à faire l’amour au milieu des tempêtes, Que pourrait il se faire de mieux entre la terre et le ciel ?

Seulement voilà…Les dauphins à leur tour n’ont pu s’empêcher de rêver.

Eux qui avaient retrouvé le lien, ils révèrent de s’en détacher, ils créèrent l’être séparé́ et nous sommes apparus, nous les hommes. Car nous sommes le cinquième rêve, en marche vers le cinquième accomplissement.

Nous avons commencé par asservir tous les rêves précédents, la lumière, les cristaux, les plantes et les animaux. Vers quel but nous nous dirigeons dans l’inconnu ?

Cela, la légende ne le dit pas, mais elle nous donne quelques indices. L’accomplissement de l’humanité́ sera la résultante de tout ce que les humains peuvent rêver. Si dans le noir, il y a la lumière, si dans un caillou, il y a un cristal, si dans un brin d’herbe se cache un séquoia et si un ver de terre se transforme en dauphin… Quel peut être l’accomplissement de l’Homme ?

A quoi ressemblera l’être humain du troisième millénaire ? Il suffit peut-être de porter la plus grande attention à nos rêves.

Source : WE ARE OCEAN.

vendredi 11 mars 2016

La tribu Dukka en Mongolie

Si les descendants des anciennes légendes existent vraiment parmi nous aujourd'hui, ce sont eux, la tribu des Dukha. Malgré les obstacles, les nomades de Mongolie sont des gens qui vivent encore dans une réelle proximité avec les animaux sauvages avec une certaine sagesse, un lien spirituel et une connection avec tous les animaux, ils ont gardés le sens de la guérison et du bien-être perdu par notre civilisation.

Ce peuple sage de la taïga mongole, ne dominent pas leurs paysages surnaturels habitées par des rennes, des ours, des chevaux, des aigles et des loups. Ils reproduisent les rennes et ne les tuent pas pour la viande à moins qu'ils ne deviennent inutile à d'autres fins. Ils les montent dans les forêts enneigées pour chasser des petits animaux pour se nourrir et recueillir du bois qu'ils peuvent vendre dans les villages voisins pour des fournitures de base ou faire avec de l'artisanat pour les touristes.

Etre Chasseur l'Aigle en Mongolie est une vieille tradition qui est transmise de génération en génération, mais très peu de gens méritent encore ce titre ainsi que d'apprivoiser des aigles et de les utiliser pour la chasse des petits animaux, tels que les renards et les marmottes. C'est non seulement un titre pour eux, mais un mode de vie.







Photographies d'Hamid Sardar-Afkhami 

The Huron Carol

Cette version réalisée par Heather Dale, et chanté en Wendats (Hurons), français et anglais. Le "Huron Carol" est un hymne de Noël, écrit en 1643 par Jean de Brébeuf, un missionnaire chrétien à Sainte-Marie parmi les Hurons au Canada. Brébeuf a écrit les paroles dans la langue maternelle du peuple Huron / wendat; titre Huron originale de la chanson est "Jesous Ahatonhia" ( "Jésus, il est né"). la mélodie de la chanson est une chanson folklorique française traditionnelle.

Grandmother Drum - Awakening the Global Heart

jeudi 10 mars 2016

Aurore boréale

Magnifique photo d'aurore boréale prise par Marja-Terttu Karlsson, la photographe qui a pris cette incroyable photo. Il s’agit sans aucun doute d’une forme de loup s’étirant à travers le ciel, la plupart des gens considèrent cette formation comme ayant une signification spirituelle. 


Sarcelle, le chant qui enlève la peur...

"Te’wayahkerondih ayiatsih", le chant qui enlève la peur...

La Nature Parle


Prenons responsabilité la terre ne nous appartiens pas, elle nous est prêtée comme espace de vie et nous nourri, le temps d'une vie. L'Homme a besoin de la Nature. La Nature n'a pas besoin de l'Homme.

Nicolas Hulot, Sophie Marceau, Julia Roberts, Harrison Ford, Kevin Spacey, Edward Norton, Penélope Cruz, Robert Redford, Ian Somerhalder et Lupita Nyong'o ont rassemblé leurs forces pour donner une voix à la nature. Regardez les films et agissez sur http://natureisspeaking.org







Chamanisme en Sibérie : Les esprits écoutent

Au début du XXIe siècle, il reste encore de rares chamanes traditionnels, reconnus par leur communauté et pratiquant toujours des rituels pour assurer leur rôle d’intermédiaire avec les esprits, malgré la féroce répression qui s’est exercée contre eux au cours de l’ère soviétique. Mais le chamanisme est aussi présent dans bien d’autres manifestations musicales où le chamane est absent : réapparition de rituels collectifs anciens, représentations sur une scène de théâtre ou groupes professionnels menant parfois des carrières internationales. C’est ce monde divers mais toujours imprégné des anciennes croyances que nous explique l'ethnomusicologie du chamanisme sibérien. 

Koryak Dance

Ils donnent envie de danser sous la neige!  Les Koryaks sont un peuple autochtone du Kamchatka Krai l'Extrême-Orient russe, qui habitent les îles de la mer de Béring ...


Chamanisme en Mongolie

Enkhtoya est chamane, depuis qu'elle a 13 ans. Elle est considérée comme l'une des plus puissante shaman dans le nord de la Mongolie. Le chamanisme prend ses convictions profondes du Tengerism - la religion indigène de la Mongolie pratiquée par Gengis Khan. Dans la vision du monde du Tengerism, on peut apprendre à survivre et prospérer dans le monde en étant responsable de ses actes, rendant grâces aux dieux, et de vivre en harmonie et en accord avec la nature.

LE MONDE CHAMANE


Etre élu des esprits qui vous apprennent à entrer en transe et à voler avec votre âme vers d’autres mondes, dans le ciel, ou à descendre par de périlleuses crevasses dans les terreurs des mondes souterrains ; être écorché vif, réduit à l’état de squelette (pour une société de chausseurs, les os sont le noyau même de la vie), puis reconstruit pour renaître ; acquérir le pouvoir d’affronter les esprits et de soigner leurs victimes, de tuer les ennemis et de sauver les siens de la maladie et de la faim. Voilà quelques traits propres aux religions chamanistes répandues un peu partout dans le monde.

Ce qui n‘empêche pas les chamanes de mener une vie ordinaire, de chasser, cuisiner, jardiner et faire le ménage comme les autres. Quand les chamanes parlent d’autres mondes, ils ne veulent pas dire que ces mondes n’ont aucun lien avec celui-ci. Au contraire, les autres mondes représentent la véritable nature des choses et les causes réelles, de ce qui se passe dans ce monde-ci. Cette division est largement partagée dans la communauté et nombre d’individus peuvent se retrouver chamanes à la mesure de leur intuition de cette réalité supérieure.

Les chamanes sont à la fois médecins, prêtres, travailleurs sociaux et mystiques. On les a traités de fous et persécutés tout au long de l’histoire ; on les a écartés dans les années 60 comme de purs produits « insipides » de l’imagination des anthropologues, et aujourd’hui ils sont tellement à la mode qu’ils inspirent autant le débat universitaire que le nom des groupes de rock.

Le mot chamane est une création des Evenk, un petit groupe sibérien de chasseurs et de gardiens de rennes parlant toungouse ; au début du XXè siècle, il s’appliquait déjà à toutes une catégorie d’hommes-médecins d’Amérique du Nord, et, de nos jours, certains adeptes du Nouvel Age appellent chamanes tous ceux qui, pensent-ils, sont en rapport avec les esprits. Il semblerait que l’âme du chamane sibérien soit à même d’en quitter le corps pour visiter d’autre lieux, particulièrement le monde supérieur, ou céleste, et le monde inférieur, ou souterrain. Cette capacité, dont la tradition existe dans certaines parties du monde et non dans d’autres, permet de parler de société et de cultures clairement chamanistes.

Une définition plus large inclura tout individu capable de contrôler sa transe et, en ce sens, les chamanes diffèrent des autres médiums que certains esprits possèdent et dominent comme et quand ils le choisissent. Or, même si le chaman entre en transe dans des conditions qu’il contrôle, sa « maîtrise » des esprits demeure extrêmement précaire ; Aussi, sont métier est-il considéré comme très dangereux au niveau psychique, car le chamane court toujours un risque de mort ou de folie.

Il n’existe pas de chamane sans société ni culture environnantes. Le chamanisme n’est pas une simple religion mais une forme pluriculturelle et de sensibilité et de pratique religieuses. Dans toutes les sociétés que nous connaissons à ce jour, les idées chamanistes ne forment généralement qu’une seule tendance au sein des doctrines qui font autorité dans les autres religions, idéologie set pratiques. Il devait autrefois exister des communautés purement chamanistes mais nous n’avons qu’une vague idée de la vie qu’on pouvait y mener. Dispersé, fragmenté, le chamanisme ne devrait peut-être pas être un « isme » : il n’a ni doctrine, ni église mondiale, ni texte sacré, ni prêtres faisant autorité pour décider du bien et du mal.

Cependant, on trouve d’étonnantes similitudes dans les idées et les pratiques chamanistes de sociétés aussi éloignées que l’Arctique, l’Amazonie et Bornéo. Nombre d’interprétations actuelles insistent sur le côté thérapeutique du chamanisme, mais ce n’en est là qu’un seul aspect. Le chamanisme est, entre autres, une religion de chasseurs contraints de prendre la vie pour vivre. La vision chamanique de l’équilibre cosmique est largement fondée sur l’idée de fournir une compensation aux animaux dont il faut se nourrir et dans de nombreuses sociétés, le chamane a pour tâche d’aller trouver le propriétaire de l’animal pour en négocier le prix avec lui.

Enfin, de nombreux mouvements du Nouvel Age se réclamant aujourd’hui du chamanisme, il importe de préciser que ce phénomène n’est intelligible – et que l’on ne peut en faire une expérience authentique – que dans le cadre de sociétés données, participant d’un univers « pré-moderne ». Il se peut que certaines idées des chamanes puissent venir enrichir notre vision « post-moderne » du monde, mais ces notions, extraites du contexte précis dans lequel elles ont surgi, n’ont plus grand-chose à voir avec le chamanisme proprement dit.

Otho Harmonie

La vision chamanique de la maladie mentale

(Source : SpiritScience, extrait de The Natural Medicine Guide to Schizophrenia, par Stephanie Marohn (incluant Malidoma Patrice Somé), pages 178-189, ou dans The Natural Medicine Guide to Bi-polar Disorder)

Famille Dagara. Image : Wikipédia
Dans la vision chamanique, la maladie mentale signale la « naissance d’un guérisseur », explique Malidoma Patrice Somé. De ce fait, les troubles mentaux sont des situations spirituelles critiques, des crises spirituelles, et doivent être considérés comme tels pour aider le guérisseur à naître.

Ce que l’Occident voit comme une maladie mentale, le peuple Dagara (en Afrique de l’Ouest, Dagaaba en anglais) le voit comme « des bonnes nouvelles de l’autre monde. » La personne traversant la crise a été choisie comme médium pour porter un message à la communauté, devant être communiqué du monde spirituel. « Les troubles mentaux, les troubles comportementaux de toutes sortes, signalent le fait que deux énergies incompatibles ont fusionné dans le même champ, » dit le Dr. Somé. Ces perturbations se produisent quand la personne n’est pas aidée pour faire face à la présence d’une énergie du monde spirituel.

Lorsque le Dr. Somé est venu la première fois aux États-Unis en 1980, pour ses études supérieures, l’une des premières choses qu’il a vue a été la manière dont le pays gérait la maladie mentale. Quand un étudiant qu’il connaissait avait été envoyé dans un hôpital psychiatrique pour « dépression nerveuse », le Dr. Somé était allé lui rendre visite.

« J’étais choqué. C’était la première fois que j’étais confronté directement à ce qu’on fait ici aux gens qui ont les mêmes symptômes que j’avais vus dans mon village. » Ce qui a frappé le Dr. Somé, c’était que de tels symptômes étaient perçus sous l’angle de la pathologie, avec l’idée qu’il faut stopper le trouble. C’était en opposition complète à la manière dont sa culture voyait une telle situation. Alors qu’il regardait les patients dans la salle austère, certains dans des camisoles de force, d’autres shootés aux médicaments, d’autres criants, il se disait, « C’est comme ça qu’on traite les guérisseurs naissants dans cette culture. Quelle perte ! Quel dommage qu’une personne finalement alignée avec une puissance de l’autre monde est ainsi gaspillée. »

Pour le dire autrement, d’une manière peut être plus compréhensible pour la mentalité occidentale, c’est que nous en Occident ne sommes pas formés à faire face aux phénomènes psychiques, au monde spirituel, et personne non plus ne nous apprend à reconnaître son existence. En réalité, les capacités psychiques sont dénigrées. Quand les énergies du monde spirituel émergent dans la psyché occidentale, l’individu est complètement démuni pour les intégrer ou même comprendre ce qu’il se passe. Le résultat peut être terrifiant. Sans un environnement adéquat, et une aide pour faire face à une percée d’un autre niveau de réalité, en fin de compte, la personne devient folle. De fortes doses de médicaments anti-psychotiques aggravent le problème et empêchent une intégration pouvant conduire à un développement de l’âme et une croissance de l’individu ayant reçu ces énergies.

Dans le service psychiatrique, le Dr Somé a vu beaucoup « d’êtres » qui traînaient autour des patients, des « entités » que la plupart des gens ne voient pas mais que les chamans et les médiums peuvent voir. « Elles provoquaient les crises chez ces personnes, » dit-il. Il lui apparut que ces êtres essayaient d’extraire les médicaments et leurs effets des corps des personnes avec qui les êtres voulaient fusionner, et ce faisant ils renforçaient la douleur des patients. « Les êtres agissaient presque comme une sorte d’excavateur dans le champ énergétique des personnes. Ils faisaient cela avec acharnement. Les personnes concernées se mettaient à crier et à hurler, » dit-il. Il ne pouvait pas rester dans cet endroit et dut partir.

Dans la tradition Dagara, la communauté aide la personne à concilier les énergies des deux mondes – « le monde spirituel avec lequel il ou elle est fusionné(e), et le village et la communauté. » Cette personne a la capacité d’agir comme un pont entre les mondes et aide les vivants en leur apportant les informations et les soins dont ils ont besoin. La crise spirituelle se termine donc par la naissance d’un nouveau guérisseur. « La relation entre l’autre monde et le notre est celle d’un parrainage, » explique le Dr. Somé. « Le plus souvent, la connaissance et les dons qui ressortent de ce genre de fusion sont une connaissance et des dons directement apportés par l’autre monde. »

Les êtres qui renforçaient la douleur des détenus de l’hôpital psychiatrique cherchaient en fait à fusionner avec les détenus pour faire passer des messages dans ce monde. Les personnes avec lesquelles ils voulaient fusionner ne recevaient pas d’aide pour apprendre comment faire un pont entre les mondes et les tentatives des êtres de fusionner étaient contrecarrées. Il en résultait la persistance du trouble initial de l’énergie et l’avortement de la naissance d’un guérisseur.

« La culture occidentale ignore constamment la naissance des guérisseurs, » affirme le Dr. Somé. « En conséquence, l’autre monde aura tendance à contacter de plus en plus de personnes pour essayer de capter l’attention. C’est plus dur pour eux. » Les êtres spirituels sont attirés par les personnes dont les sens n’ont pas été anesthésiés. « La sensibilité est très souvent une invitation,” note-t-il.

Ceux qui développent les soi-disant troubles mentaux sont ceux qui sont sensibles, ce que la culture occidentale définit comme de l’hypersensibilité. Les cultures indigènes ne le voient pas de cette manière et les personnes sensibles ne pensent donc pas qu’elles sont hypersensibles. En Occident, « c’est la surcharge de la culture dans laquelle ils sont qui les détruit, » observe le Dr. Somé. Le rythme effréné, le bombardement des sens, et l’énergie violente caractérisant la culture occidentale peuvent accabler les personnes sensibles.
Le Dr. Somé
Schizophrénie et énergie étrangère

Dans la schizophrénie, il y a une « réceptivité spéciale à un flux d’images et d’informations, qui ne peut pas être contrôlé, » déclare le Dr. Somé. « Quand cette sorte de déferlement arrive à un moment qui n’est pas choisi, et particulièrement quand il comporte des images effrayantes ou contradictoires, la personne se met à délirer. »

Dans cette situation, il est nécessaire d’abord de séparer l’énergie de la personne des énergies étrangères venant de l’extérieur, en utilisant la pratique chamanique (ce qu’on appelle un « balayage ») pour nettoyer ces dernières de l’aura de la personne. Avec le nettoyage du champ d’énergie, la personne ne capte plus le flot d’informations et donc n’a plus de raison d’être effrayée et troublée, explique le Dr. Somé.

Il est alors possible d’aider la personne à s’aligner avec l’énergie de l’esprit qui tente de se manifester depuis son monde, et de donner naissance à un guérisseur. Le blocage de cette manifestation est ce qui crée les problèmes. « L’énergie d’un guérisseur est une énergie à haute tension, » observe-t-il. « Quand elle est bloquée, elle brûle la personne. C’est comme un court-circuit. Les fusibles sautent. C’est pourquoi ça peut faire très peur, et je comprends pourquoi cette culture préfère enfermer ces gens. Ils crient et hurlent, et on les met dans une camisole de force. C’est un triste tableau. » Encore une fois, l’approche chamanique consiste à travailler sur l’alignement des énergies pour qu’il y ait aucun blocage, que les « fusibles » ne sautent pas, et que la personne puisse devenir le guérisseur qu’elle est destinée à être.

Cependant, il convient de noter à ce stade que tous les êtres spirituels qui entrent dans le champ énergétique d’une personne ne sont pas là à des fins de guérison. Il y a aussi des énergies négatives, qui sont des présences indésirables dans l’aura. Dans ces cas-là, l’approche chamanique consiste à les retirer de l’aura, plutôt que de travailler à s’aligner avec des énergies discordantes.

Alex : Fou aux États-Unis, guérisseur en Afrique

Pour mettre à l’épreuve sa croyance que la vision chamanique de la maladie mentale est vraie dans le monde occidental comme dans les cultures indigènes, le Dr. Somé a ramené un patient avec lui en Afrique, dans son village. « J’ai voulu savoir, par curiosité, s’il est véritablement universel que la maladie mentale soit liée à un alignement avec un esprit d’un autre monde, » dit le Dr. Somé.

Alex était un américain de 18 ans qui avait vécu une crise psychotique à 14 ans. Il avait des hallucinations, était suicidaire, et traversait des cycles dangereux de dépression grave. Il était dans un hôpital psychiatrique et avait reçu quantités de médicaments, mais aucun ne l’aidait. « Les parents avaient tout essayé – sans succès, » dit le Dr. Somé. « Ils ne savaient pas quoi faire d’autre. »

Avec leur permission, le Dr. Somé a ramené leur fils en Afrique. « Après huit mois ici, Alex était pratiquement normal, » rapporte le Dr. Somé. « Il pouvait même participer aux soins donnés par des guérisseurs; en restant avec eux toute la journée à les aider, les assistant dans ce qu’ils faisaient avec leurs patients… Il a passé quatre ans environ dans mon village. » Alex est resté par choix, et pas pour être soigné plus longtemps. Il se sentait « bien plus en sécurité dans le village qu’en Amérique. »

Pour aligner son énergie avec l’être du monde spirituel, Alex a effectué un rituel chamanique à cette intention, bien qu’il était légèrement différent de celui utilisé chez les Dagara. « Il n’est pas né dans le village, donc il fallait quelque chose d’autre. Mais le résultat a été similaire, même si le rituel n’était pas exactement le même, » explique le Dr. Somé. Le fait que l’alignement de l’énergie permit à Alex de guérir démontra au Dr. Somé que le lien entre les autres êtres et la maladie mentale est bien universel.

Après le rituel, Alex commença à partager des messages que l’esprit avait pour ce monde. Malheureusement, les personnes à qui il parlait ne comprenaient pas l’anglais (Dr. Somé n’était pas là à ce moment-là). Toute cette expérience a fini par conduire Alex dans une université, où il étudie la psychologie. Il est retourné aux États-Unis quatre ans plus tard car il s’était « rendu compte qu’il avait fait tout ce qu’il devait faire, et qu’il pouvait aller de l’avant dans sa vie. »

Aux dernières nouvelles, Alex est à Harvard en psychologie. Personne n’aurait pensé qu’il aurait pu terminer ses études de premier cycle, et encore moins avoir un diplôme d’études supérieures.

Le Dr. Somé résuma ce que la maladie mentale d’Alex indiquait : « Il demandait de l’aide. C’était un appel d’urgence. Sa tâche et son destin était d’être guérisseur. Il disait que personne n’y portait attention. »

Après avoir constaté l’efficacité de l’approche chamanique sur Alex, le Dr. Somé conclut que les êtres spirituels sont tout aussi problématiques en Occident que dans sa communauté en Afrique. « La réponse à cette question pourrait se trouver ici, au lieu de devoir faire tout le chemin pour la trouver à l’étranger. Il pourrait y avoir un moyen de dépasser toute l’expérience de la pathologie, pour avoir la possibilité de former le rituel approprié pour aider les gens. »

Le désir de connexion spirituelle

Voir le site de Stephanie Marohn
Un point commun que le Dr Somé a remarqué dans les troubles « mentaux » en Occident est « une énergie ancestrale très ancienne qui a été placée en stase, et qui finalement émerge dans la personne. » Il faut alors la retracer, remonter dans le temps pour découvrir quel est cet esprit. Dans la majorité des cas, l’esprit est lié à la nature, surtout aux montagnes ou aux grands cours d’eau, dit-il.

Dans le cas des montagnes, pour donner un exemple illustrant le phénomène, « c’est l’esprit de la montagne qui marche à côté de la personne et qui, en conséquence, crée une distorsion spatio-temporelle qui affecte la personne prise à l’intérieur. » Il est alors nécessaire d’avoir une fusion ou un alignement des deux énergies, « pour que la personne et l’esprit de la montagne ne fassent plus qu’un. » Encore une fois, le chaman réalise un rituel spécifique pour obtenir cet alignement.

Le Dr. Somé croit qu’il est souvent confronté à cette situation aux États-Unis car « la majeure partie du tissu de ce pays est constituée de l’énergie de la machine, et il en résulte une déconnexion et une rupture d’avec le passé. Vous pouvez fuir le passé, mais vous ne pouvez pas vous cacher. » L’esprit ancestral du monde naturel nous rend visite. « Ce n’est pas tant la volonté de l’esprit mais la volonté de la personne, » dit-il. « L’esprit voit en nous une aspiration à quelque chose de grand, quelque chose qui donne du sens à notre vie, et donc l’esprit répond à cela. »

Cet appel, que nous faisons sans même le savoir, reflète un « désir puissant d’une connexion profonde, une connexion qui transcende la matérialisme et la possession des choses, et qui pousse vers une dimension cosmique tangible. Ce désir est en grande partie inconscient, mais pour les esprits, il n’y a pas de différence entre le conscient ou l’inconscient. » Ils répondent aux deux.

Dans le rituel pour fusionner l’énergie de la montagne et l’énergie humaine, ceux qui reçoivent « l’énergie de la montagne » sont conduits dans une zone de montagnes de leur choix, où ils ramassent une pierre qui leur parle. Ils ramènent la pierre pour le reste du rituel et la gardent comme compagnon; certains la portent même sur eux. « La présence de la pierre fait beaucoup pour régler la faculté de perception de la personne, » note le Dr. Somé. « Ils reçoivent toutes sortes d’informations qu’ils peuvent utiliser, c’est donc comme s’ils obtenaient des indications tangibles, venant de l’autre monde, sur la manière de vivre leur vie. »

Quand c’est l’ »énergie d’une rivière », ceux qui sont appelés vont voir la rivière et, après avoir parlé à l’esprit de la rivière, trouvent une pierre dans l’eau qu’ils ramènent pour le même genre de rituel qu’avec l’esprit de la montagne.

“Les gens pensent que quelque chose d’extraordinaire doit être fait dans une situation extraordinaire telle que celle-ci, » dit-il. Ce n’est généralement pas le cas. Parfois, c’est aussi simple que de porter une pierre.

L’approche du rituel sacré pour la maladie mentale

L’une des choses qu’un chaman peut apporter au monde occidental est de permettre aux gens de redécouvrir le rituel, qui fait si cruellement défaut. « L’abandon du rituel peut être dévastateur. Du point de vue spirituel, le rituel est inévitable et nécessaire si l’on veut vivre, » écrit le Dr. Somé dans Ritual: Power, Healing, and Community. « De dire que le rituel est nécessaire dans le monde industrialisé est un euphémisme. Sans cela, nous avons vu dans mon propre peuple qu’il est probablement impossible de vivre une vie saine. »

Le Dr. Somé ne pensait pas que les rituels de son village traditionnel pouvaient être simplement transférés en Occident, et donc dans le cadre de son travail chamanique, il a conçu des rituels qui correspondent aux différents besoins de cette culture. Bien que le rituel change selon l’individu ou le groupe impliqué, il perçoit que certains rituels sont en général nécessaires.

L’un d’eux consiste à aider la personne à découvrir que sa détresse vient du fait qu’elle est « appelée par des êtres de l’autre monde qui veulent s’allier avec elle pour effectuer un travail de guérison. » Le rituel permet de résoudre cette détresse et de répondre à cet appel.

Un autre rituel dont nous avons besoin est celui de l’initiation. Dans les cultures indigènes du monde entier, les jeunes sont initiés au monde des adultes quand ils atteignent un certain âge. L’absence d’une telle initiation en Occident explique en partie la crise dans laquelle les gens sont ici, dit le Dr. Somé. Il encourage les communautés à réunir « les idées créatives des gens qui ont eu ce genre d’expérience, pour former une sorte de rituel alternatif qui puisse au moins réduire ce genre de crise.»

Un autre rituel qui répond souvent aux besoins des personnes qui viennent demander son aide, consiste à faire un feu de joie, et de brûler tous les « éléments symboliques des problèmes que l’on porte à l’intérieur (…) Ce peut être des problèmes de colère et de frustration contre un ancêtre qui a tué des gens, était esclavagiste, ou quoi que ce soit, un héritage avec lequel doivent vivre les descendants », explique-t-il. « Si ces choses sont perçues comme bloquantes pour l’imagination humaine, le but de la vie de la personne, ou même qu’elles enferment dans une vision négative sur la vie, alors il est logique de réfléchir à comment transformer ce blocage pour en faire un chemin vers quelque chose de plus créatif et de plus épanouissant ».

L’exemple des problèmes avec les ancêtres se retrouve dans les rituels conçus par le Dr Somé, révélant un grave dysfonctionnement dans la société occidentale et dans le processus menant à « l’illumination ». Ce sont des rituels ancestraux, et le dysfonctionnement qu’ils visent est notre attitude, le fait de « tourner le dos » massivement aux ancêtres. Certains des esprits qui tentent de se manifester, comme nous l’avons dit, peuvent être des « ancêtres qui veulent fusionner avec un descendant parce qu’ils souhaitent guérir ce qu’ils n’étaient pas en mesure de faire dans leur corps physique. »

« Quand la relation entre les vivants et les morts n’est en équilibre, c’est le chaos », dit-il. « Les Dagara croient que si un tel déséquilibre existe, il est du devoir des vivants de guérir leurs ancêtres. Si ces ancêtres ne sont pas guéris, leur énergie malade va hanter les âmes et les psychés de ceux qui ont pour responsabilité de les aider. » Les rituels se concentrent sur la guérison de la relation avec nos ancêtres, portant à la fois sur les problèmes particuliers d’un ancêtre individuel, et les problèmes culturels plus généraux que renferme notre passé. Le Dr. Somé a vu des guérisons extraordinaires se produire lors de ces rituels.

Adopter l’approche du rituel sacré pour la maladie mentale, plutôt que de considérer la personne comme un cas pathologique, donne à la personne affectée — mais aussi à la communauté dans son ensemble — l’occasion de regarder les choses de ce point de vue, ce qui conduit à « une pléthore d’opportunités et d’initiatives de rituels qui peuvent être extrêmement bénéfiques pour toutes les personnes présentes, » déclare le Dr Somé.

La vision chamanique de la maladie mentale