Pages

vendredi 29 mars 2013

Enseignements Blackfoot


La nation Piikani fait partie de la confédération des Pieds-Noirs. De nombreux aînés croient qu’il existe un cercle oral, ou système, qui relie toutes les Premières nations de l’Amérique du Nord. Dans notre mode de vie traditionnel, notre demeure est sacrée. Les tipis dans lesquels nous nous assoyons en forme de cercle sont à la base de notre système piikani-pied-noir. Premièrement, notre structure circulaire traditionnelle avait un côté féminin et un côté masculin. Au centre, il y avait un feu. Certaines personnes formaient un cercle autour du feu et d'autres s'assoyaient derrière. Du côté opposé de la porte, à l'Ouest, se trouvait une place d'honneur, où nous déposions les ballots sacrés, qui sont la source de l'autorité et des lois de la communauté. L'espace au nord du feu pouvait servir à la préparation du calumet sacré. Devant nos ballots était installé l'autel de purification. L'hacheur de tabac s'assoyait au nord de l'autel et les assistants, près de la porte. Les joueurs de tambour prenaient place au sud du feu. Puis, assises autour du cercle du côté féminin, se trouvaient la célébrante et l'hôtesse. Des gardiennes de ballots similaires s'assoyaient du coté des gardiennes de ballots. Les anciennes gardiennes de ballots et autres grands-mères de cérémonie s'installaient près de la porte. Les gens étaient disposés de la même façon du côté masculin : l'hôte, d'autres gardiens de ballots, puis les grands-parents des gardiens de ballots, les célébrants ou les aînés près de la porte. C'était à peu près la façon de s'asseoir en cercle, quelle que soit la cérémonie.

À une époque, toutes les personnes qui formaient ce cercle avaient une place dans le système des sociétés pieds-noirs. Tous nos processus piikani étaient régis par ces sociétés : elles voyaient au maintien de l'ordre, aux services sociaux et à l'éducation, ainsi de suite. Un processus piikani--pied-noir traditionnel comporte quatre dimensions : lieu, geste, langage et chant. Donc, si je dis que j'appartiens à la société du Calumet du Tonnerre, par exemple, je dois pouvoir démontrer à ses membres mon savoir des quatre dimensions de cette société.

Je dois pouvoir m'asseoir dans leur lieu et poser certains gestes pour démontrer mes capacités et compétences. Je dois parler leur langage et chanter les chants associés à l'autorité du Calumet du Tonnerre. Si je ne peux pas le faire avec respect et compréhension, je ne peux pas faire partie de leur société ou de leur discours. C'est notre façon de protéger une information ou un concept, ou d'en reconnaître l'autorité. Donc, dans cette structure circulaire, il devait y avoir du respect.

Les grands-parents de cérémonie peuvent être appelés à animer ou à superviser des cérémonies. Ils nous procurent aussi leurs conseils et leur direction. Les animaux et les plantes, l'air et l'eau sont donc mes égaux; les étoiles sont mes égales, et je suis l'égal de tous les êtres humains et même des insectes. Donc, le concept de l'égalité des êtres était à l'origine de toutes nos pratiques -- nos formes de gouvernance et nos interactions sociales. Notre langue et nos traditions orales piikani-pieds-noirs reposent sur des pratiques cérémonielles, et nos modes de collaboration et de communication sur une structure circulaire de cérémonie. L'autorité ne se transmettait plus par des rites transférés à l'aide de chants ou de cérémonies; elle provenait maintenant de documents écrits.

L'information remise aux gardiens de rites hérités provient d'une source sacrée. Le Créateur nous a donné notre système judiciaire pour nous aider à prendre des décisions.

Donc, quand nous prenons une décision, nous nous enduisons et prions, et demandons au Créateur de participer à la décision. Il est toujours légitime, car le Créateur est toujours là lorsque nous prenons des décisions, même les décisions les plus techniques. Le Créateur a offert à toutes ses créations des systèmes de gouvernance, comme les sociétés pieds-noirs.

Ces sociétés sont nos systèmes éducatif, administratif, militaire et policier.

Il y a 100 ans dans la nation Pied-Noir, de nombreuses sociétés se côtoyaient : la société des Abeilles, la société des Mouches, la société des Vers, ainsi de suite. L'âge déterminait l'appartenance à une société particulière. Les enfants se joignaient à une société alors qu'ils étaient encore tout jeune, y étaient membres quelques années puis changeaient de société.

Les sociétés offraient un mode d'apprentissage; elles enseignaient aux enfants la discipline mentale, physique et spirituelle. Et lorsque l'enfant grandissait, il était admis à la société adulte appropriée.

À une époque, la pratique de nos traditions était illégale au Canada. Les sociétés ne sont plus clandestines de nos jours, mais bon nombre de celles qui existaient il y a 100 ans ont disparu. Certaines personnes âgées en connaissent encore les rituels. Mais si nous ne leur demandons pas de nous les montrer, nous les perdrons à jamais. Là où vivent les Piikani, on connaît aujourd'hui deux sociétés : la société des Chiens Sans Peur et la société Neepomakeeks, ou société des Mésanges. Les Sangs, les Siksikas, les Sarcis et les Piikani du Sud pratiquent encore la société des Cornes, la société des Pies, la société des Colombes et la société des Chiens Sans Peur. Si vous appartenez à une société et adoptez vraiment ses modes de vie, vous avez le droit de chanter ses chants lorsque vous vous apprêtez à méditer ou à prier, ou à n'importe quel autre moment. Même si vous pensez avoir besoin d'aide spirituelle avant une présentation, vous pouvez chanter pour réussir à mieux vous exprimer, à trouver la force d'aller à la rencontre des gens. Et c'est là qu'est le pouvoir.

Nos sociétés piikani traditionnelles aident à définir notre identité et à la façonner afin que nous puissions reconnaître que nous sommes des êtres complets, investis de nombreux dons du Créateur. Si vous ne vous voyez pas ainsi, si vous négligez votre personne, vous passez à côté du but. Vous devez tenir compte de toutes vos dimensions : le mental, le physique, la spiritualité et les émotions. Toutes ces dimensions doivent être intactes, tout comme vos cinq sens.

Beaucoup de personnes ne comprennent pas vraiment les cinq sens. Mais la plupart du temps de nos jours, nous ne portons pas vraiment attention. Le vrai discernement vient de la pleine conscience du fait que ce qui nous entoure est un don du Créateur. J'ai compris cela lors de ma quête de la vision. Le discernement exige de voir avec des yeux nus pour transmettre le message aux sentiments et aux sens de l'odorat et du goûter, et le ressentir pleinement à l'aide de tout son corps. Et si vous entendez quelque chose, comme des tambours ou un chant, ce message, ce qu'il signifie vraiment, sera transmis à vos sentiments -- et vous l'approfondirez. Nos sociétés, nos systèmes éducatifs, ont été conçues pour nous permettre d'accéder à ce lieu de discernement, ce lieu de respect de tout ce qui nous entoure.

Les pow-wow sont des rassemblements de tout le peuple, où les nations se réunissent, dansent et jouent du tambour. Pour certaines personnes, les pow-wow ont un sens très superficiel qui se limite à la beauté extérieure des perles, des plumes, des chants, des tambours, ainsi de suite. Mais les penseurs indiens, eux, portent attention au statut traditionnel : l'homme qui porte une coiffe en dansant a un chant lui permettant de la porter. S'il tient un hochet, il a un chant lui permettant de le tenir. Cela se rapporte à notre système de croyances. Opshkaukshin sert aussi si quelqu'un a parlé en mal de vous. Et lorsque vous dansez en reproduisant vos rêves ou la manière dont dansaient auparavant vos ancêtres, vos mouvements servent à éloigner ces choses.

Source extrait : REG CROWSHOE ET JEFF CROW EAGLE

Aucun commentaire:

Publier un commentaire

Merci pour votre commentaire.
Bonne journée.