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vendredi 29 mars 2013

Kateri Tekakouitha



TEKAKOUITHA (Tagaskouïta, Tegakwitha), baptisée Kateri (Catherine), première Indienne à avoir été déclarée vénérable, née d’une Algonquine chrétienne et d’un Agnier païen en 1656, à Ossernenon (Auriesville, N. Y.), décédée près de Montréal en 1680.

La mère de Kateri Tekakouitha, élevée par des colons français de Trois-Rivières, avait été capturée vers 1653. C’est peu de temps après qu’elle avait été choisie pour épouse par un Agnier. En 1660, elle fut emportée par la petite vérole avec son mari et son dernier-né. La jeune Catherine faillit mourir aussi, le visage grêlé et fortement atteinte aux yeux. Elle fut recueillie par son oncle, le premier capitaine de la bourgade, ennemi déclaré de la foi chrétienne.

À l’automne de 1666, M. de Prouville de Tracy, à la tête d’une expédition punitive, descendit de Québec et brûla les agglomérations du canton agnier avec toutes leurs provisions. Sous le nom de Gandaouagué, on reconstruisit Ossernenon de l’autre côté de la rivière des Hollandais (Mohawk), un peu à l’ouest de l’ancien emplacement. Après cette défaite, les Agniers implorèrent la paix et demandèrent des missionnaires. On leur envoya les pères Jacques Frémin, Jacques Bruyas*, Jean Pierron et les donnés Charles Boquet et François Poisson, qui arrivèrent à Gandaouagué en septembre 1667. Durant les trois jours que dura leur halte, Kateri Tekakouitha dut s’occuper des Jésuites, dont la piété et les manières affables l’impressionnèrent.

À maintes reprises, sa parenté voulut la forcer de se marier, ce qu’elle refusait toujours, à leur grand mécontentement. Il n’y a pas de quoi se surprendre de ce refus, puisque les deux tiers de la population de Gandaouagué se composaient d’Algonquins et de Hurons chrétiens qui avaient sans doute parlé à Kateri des Ursulines de Québec et de la vie religieuse.

C’est en 1675 que le père Jacques de Lamberville*, jésuite, entra pour la première fois dans sa cabane. Elle lui exposa son désir de recevoir le baptême. La cérémonie eut lieu le jour de Pâques 1676, et la jeune Indienne reçut le nom de Kateri.

Sa conversion lui valut une véritable persécution. On menaça même de la tuer. Dans toutes ces épreuves, le père de Lamberville lui conseilla de prier sans relâche et d’aller vivre au saut Saint-Louis (rapides de Lachine). À l’automne de 1677, avec l’aide de trois néophytes indiens, elle réussit à s’enfuir.

C’est à la mission Saint-François-Xavier que Kateri Tekakouitha s’est définitivement formée au christianisme. Anastasie Tegonhatsiongo, autrefois l’amie de sa mère à Ossernenon, lui servit de guide spirituel. Plus tôt qu’à l’ordinaire pour les convertis, on lui accorda, à cause de ses qualités exceptionnelles, de faire sa première communion dès Noël 1677. En outre, malgré son jeune âge, on l’admit, au printemps de 1678, dans la Confrérie de la Sainte-Famille.

Les lignes de force de la spiritualité de Kateri Tekakouitha étaient une extraordinaire pureté d’âme et de corps et une charité efficace à l’égard de tous. Cette laïque vécut intégralement l’existence indienne, au village comme aux grandes chasses hivernales. Ce n’est qu’en 1678, moins de deux ans avant sa mort, qu’elle cessa d’accompagner les siens à la recherche du gibier ; à cette époque, l’emprise de l’Eucharistie était devenue tellement puissante sur elle qu’au risque de pâtir de la faim, elle ne voulait plus être éloignée de l’église pendant de longs mois. Même dans le milieu fervent de la mission, elle dut subir de grandes épreuves, en particulier de fausses accusations. Plus tard, ses calomniateurs ont été les premiers à la louer.

Kateri Tekakouitha aurait voulu fonder une communauté de religieuses indiennes, mais le père de Lamberville l’en dissuada. Le 25 mars 1679, fête de l’Annonciation, on lui permit de prononcer privément le vœu perpétuel de virginité. On comprend que la postérité l’ait surnommée le Lys des Agniers.

Elle se livrait à de douloureuses mortifications, qu’elle modéra, d’ailleurs, sur l’ordre de son directeur. Cet esprit de pénitence, elle le dissimulait de son mieux, aimait la plaisanterie et riait de bon cœur.

Toujours de santé médiocre, Kateri se sentit gravement atteinte dès le début de 1680. Le mardi de la Semaine sainte, elle reçut le viatique. Le lendemain, 17 avril, à peine âgée de 24 ans, elle expira très doucement en prononçant les noms de Jésus et de Marie.

Après sa mort, le père Cholenec* s’aperçut que les traits de Kateri, marqués par la petite vérole, s’étaient merveilleusement embellis. À la suite de faveurs signalées obtenues par son intercession, naquit bientôt une profonde dévotion envers elle. En 1688, Mgr de Saint-Vallier [La Croix*], deuxième évêque de Québec, la nommait « la Geneviève du Canada », thème que Chateaubriand devait exploiter dans Les Natchez, En 1744, le père de Charlevoix* écrivait qu’elle était « universellement regardée comme la Protectrice du Canada ». La dévotion à la vénérable Kateri Tekakouitha s’est répandue au Canada, aux États-Unis et à travers le monde. Chaque année augmentent les pèlerinages à Auriesville et à la mission Saint-François-Xavier de Caughnawaga, où l’on conserve ses reliques.

Depuis sa mort, une cinquantaine de biographies de la vénérable Kateri Tekakouitha ont paru dans une dizaine de langues.

Les Herbes Sacrées


Les amérindiens utilisent énormément les herbes ou les plantes pour se purifier et dans leurs prières. Ils pensent que de cette façon leurs remerciements seront guidés vers le Grand Esprit, par la fumée provoquée lorsqu’ils brûlent l’herbe ou les plantes. Les plus fréquemment utilisées sont la sauge, le foin d'odeur, le cèdre et le tabac. Ils les utilisent comme encens ou, déposent ces herbes dans les rivières ou sur le sol en guise d'Offrande au Créateur et à la Nature (lorsqu’ils doivent abattre un arbre ou tuer un animal)


Chaque cueillette avait un rituel 

L’indien commençait par s’asseoir à coté de la plante qu’il allait choisir. Il regardait autour de lui et prenait le temps de respirer calmement pour s’imprégner de son esprit. Ensuite, il lui parlait afin de lui expliquer les raisons pour lesquels il avait besoin d’elle. Seulement après avoir communiqué avec la plante, il la coupait ou la cueillait en laissant une offrande à la place, en signe de respect et de gratitude envers son Esprit, il prenait seulement ce dont il avait besoin. De retour au camp, il lassait sécher la plante ou l’herbe pendant quelques jours dans un endroit sombre et bien aéré. Lorsque celles-ci étaient bien séchées, il coupait les plantes de façon à pouvoir les mêler et les nouer ensemble. Après, il ne restait plus qu'à l’utiliser en fonction de la cérémonie, de la danse, des chants ...


Voici quelques significations :

Cèdre :
( Thuya occidentalis ) symbolise l’équilibre. Il est un excellent purificateur qui prédispose à la prière, au calme et à la Sérénité. Il attire les Énergies Bénéfiques. Sert a soigner les infections très variées et éloigne les mauvaises rêves. Il est surtout utilisé lors de cérémonies où la Pureté, l’Harmonie et la Sérénité sont essentielles et le cèdre apporte ces trois symboles

Chèvrefeuille :
utilisé pour soigné pour diverses affections liées a l’élément de l’eau (rhume, engorgement du foie, de la rate etc.). Son odeur très rassurante permet de créer une ambiance qui favorise la détente des émotions. L’arome sucré suscite le bonheur, la sécurité et l’amour lors de rencontre familiale et communautaire.

Érable :
l’arbre symbolise la générosité du cœur. Il est utilisé pour mettre une ambiance chaleureuse et purifier les éléments indésirables et nocifs de l’air lors de rencontre et événement heureux.

Foin d'odeur :
( Hierochloe odorata ) Est appelé aussi les « cheveux de la terre mère », c’est une plante féminine. Elle attire les Énergies propices à l'Harmonie, elle invite les énergies bénéfiques et favorise les ambiances agréables. Mais elle est aussi très bénéfique pour les hommes car elle incite l’ouverture et la réception de l’esprit a des ondes positives.

Pin :
Utilisé pour soigner diverses affections liées a l’élément de l’air (affections pulmonaire, laryngites, asthmes etc..). Elle stimule la joie, l’enthousiasme. Elle favorise aussi l’inspiration dans le travail, dans la création et créer une ambiance saines pour toutes sortes d’activités. Son odeur évoque les grands espaces.

Romarin :
Symbolise la pureté et la force. Les huiles essentielles du romain, son utilisées pour nettoyés les objets devant être utilisé par les hommes et les femmes médecine. Il a aussi des effets bénéfiques sur la peau et les cheveux. Sert aussi à mettre une ambiance propice aux activités thérapeutiques.

Sauge :
( Salvia sp.) plante très importante pour les amérindiens elle les accompagne dans beaucoup de rituels. Elle est employée dans toutes les Traditions Indiennes. Elle possède une action purificatrice très puissante. Ils l’utilisent pour purger l’ambiance, les êtres, les objets. Sa fumée est réputée purifier l'atmosphère et même les fibres de l'aura. Elle transforme les énergies négatives en énergies positives. Elle peut aussi servir pour accueillir le nouveau jour.

Sapin :
Utilise pour soigner divers affections liées a l’élément de la Terre (cicatrisation des plaies ; élimination du mucus du corps). Le sapin est une plante antiseptique et bactéricide. L’odeur provoque un sentiment de bonheur tranquille. Permet de créer une ambiance naturelle comme celle rencontrée dans les forêts canadiennes.

Tabac :
( Nicotiana tabacum ) utilisé fréquemment sous forme d'offrande, pour protéger la santé des Peuples, pour assurer leur sécurité dans des tempêtes , pour demander l'aide du Grand Esprit ou pour exprimer sa gratitude pour des faveurs obtenues . On peut aussi offrir du tabac à une pierre, à l'esprit animal ou d'un arbre que l'on vient d’abattre. On dépose un peu de tabac sur le sol avant de faire une prière de Remerciement (Gratitude - donner pour recevoir)

Les médecines animales


Pour bien saisir le concept de Médecine selon la tradition des Peaux-Rouges américains, on doit redéfinir le terme " médecine ". Pour l'Indien, tout est lié, tout est " sacré ", la vie est un " mystère " qu'il faut pénétrer à l'aide du chamane qui seul peut faire aller dans le monde des esprits son âme " séparée ". Les Indiens sont férus de rêves et de vision, ils pensent que chacun de nous a un ou des animaux-parents ou âmes qui nous prêtent leur forces et leur pouvoir. Soucieux de préserver la vie, le chasseur ne tue jamais une proie sans s'être au préalable excusé en l'informant du besoin qu'il avait de sa chair pour manger, de sa peau pour se vêtir, de ses nerfs pour faire des cordes et de ses os pour en faire des sifflets magiques, des aiguilles etc.

Le bon chasseur ne tue jamais au-delà de ses besoins et ne le fait pas par plaisir mais par nécessité. La Médecine dont nous parlons, concerne toute pratique visant à améliorer le lien qui unit chacun de nous au Grand Mystère et à tout ce qui vit ; ceci inclut la guérison du corps, celle du cerveau et celle de l'esprit. Cette Médecine engendre aussi le pouvoir personnel, la force et la compréhension. Vivre selon cette philosophie, c'est être toujours à l'affût de nouvelles façons pour apporter guérison à la Terre-Mère et à tous nos associés : famille, amis et autres créatures. La Médecine des Peaux-Rouges américains est donc un mode de vie qui engage tout l'être puisqu'il exige que nous cheminions sur la Terre-Mère en parfaite harmonie avec l'Univers.

D'après leurs habitudes de vie, nos amis les animaux livrent gracieusement certains messages de guérison, précieuses leçons de vie, à quiconque est assez astucieux pour observer leur façon de vivre. Par souci de simplicité, une seule leçon a été attribuée à chaque animal et chacun de ces enseignements se fonde sur une seule idée ou un seul concept. En réalité, tout animal peut communiquer des centaines de messages et chacun de ces messages est porteur de pouvoirs auxquels on peut faire appel. Quand vous faites appel au pouvoir d'un animal, vous demandez de vous intégrer harmonieusement à l'essence de cette créature et de participer ainsi aux forces qui lui sont propres. L'acquisition des connaissances transmises par ces sœurs et frères du royaume animal est un processus de guérison que l'on doit aborder avec humilité et intuition. Nous avons choisi d'insister sur certains aspects des messages, ceux qui correspondent aux besoins d'apprentissage de chaque Homme/Femme qui chemine sur le Bon Chemin rouge : des leçons d'humanité, de vulnérabilité et d'unité avec tous les êtres. Ces apprentissages constituent des étapes vers le pouvoir ; celui-ci réside dans une sagesse fondée sur la compréhension de son propre rôle dans le Grand Mystère ainsi que sur le respect des enseignements de toute chose vivante. Ces leçons sont éternelles et reviennent par couches successives tout au long de la vie. Quand on arrête d'apprendre, le côté magique de la vie s'envole et, avec lui, le goût de vivre.

Il est possible que vous rencontriez des animaux qui vous entretiendront d'un chemin particulier, celui du pouvoir. Ces créatures ont peut-être une médecine qui vous convient particulièrement et ils vous apparaîtront en rêve si vous les étudiez plus en profondeur. Vous ressentirez des liens étroits avec l'espèce alliée, et c'est à ce signe que vous reconnaîtrez dans cette espèce les maîtres desquels vous vous approcherez afin de croître et d'apprendre. Rien ne peut remplacer l'observation de ces créatures dans leur habitat naturel puisque ceci vous relie à la fois à la Terre, à l'animal et au Grand Mystère. Parfois, l'esprit de ce puissant allié choisit de pénétrer dans la conscience d'un être qui chemine depuis longtemps sur la Route de Médecine et de coopérer avec lui. Dans la Médecine des animaux, cette étape du processus d'initiation renforce la puissance du guérisseur.

Lorsqu'on apprend à faire appel à la médecine d'une personne, d'une créature ou d'une force naturelle, on se doit d'adopter une attitude de révérence et de bonne volonté face à l'aide que l'on recevra. Par exemple, les jeunes enfants autochtones savent que, s'ils se sont égarés, ils peuvent compter sur la médecine de leurs parents laquelle, même en l'absence de ces derniers, leur apporte la force. Les parents ressentiront les besoins de leurs enfants et souvent ils pourront, à travers les yeux de ces petits, voir précisément le lieu où ceux-ci se trouvent. Ce pouvoir qu'on a de participer aux forces de toute créature provient du fait que tout est un et que chacun a en lui une parcelle de tous les autres êtres vivants. C'est la loi de l'unité.

On peut aussi avoir recours à la puissance ou à la médecine d'un animal quand on a besoin de talents précis. Comme tout être de l'Univers a le même élément de base - l'atome - il semble assez plausible d'imaginer que ce qui nous permet de communiquer les uns avec les autres, c'est un dénominateur commun à chaque atome, soit la force créatrice du Grand Esprit qui habite au sein du Grand Mystère. L'enseignement de ces vérités a amené les Autochtones vers la compréhension et ce sont ces mêmes vérités qui peuvent vous permettre d'accéder à cet immense fonds de connaissance et de sagesse.

Le Pouvoir Guérisseur des Médecines Animales

Aux temps anciens, l'initié, le chercheur, ou toute personne en quête d'un guide consultait les aînés. Chaque tribu en comptait habituellement six qui s'asseyaient au Nord. La sagesse de ces aînés provenait non seulement de leur longue expérience de vie mais aussi de leurs connaissances sur la vie intérieure. Ils comprenaient les sentiers de la pensée, expérimentaient de puissantes visions et maîtrisaient les pouvoirs et les dons qui en découlaient. Imaginez, si vous le pouvez, les six aînés, rassemblés au Nord, assis devant une belle flambée sous la lueur d'un premier croissant de lune. Au sol, on a dessiné ce croissant avec le pollen de maïs. Trois hommes aînés sont assis à gauche (lorsque vous venez du Sud) et trois femmes aînées sont à droite. Sous la nuit noire, les Anciens baignent dans la lumière des flammes. Vous vous asseyez devant le deuxième homme, celui du milieu. Son regard ardent vous retient comme un étau. Il vous montre un sac de médecine perlé, couvert de symboles et de dessins représentant des pouvoirs. Ce sac est bordé de franges.

L'homme du milieu vous fait signe d'y mettre la main. Vous vous exécutez et vous en retirez une dent de loup, une griffe d'ours ou autre chose... Il vous dit exactement où placer ces objets dans cet espace qu'il y a entre vous. Vous obéissez. Vous puisez alors d'autres articles dans ce sac et vous les placez avec le premier article. Chaque position a une signification particulière et chaque article symbolise une leçon ou un talent. La femme du milieu regarde les objets que vous avez choisis et la place que vous leur avez donnée dans l'ensemble. Elle vous parle d'une voix douce; elle semble tout savoir à votre sujet et elle vous rejoint au plus profond de votre être. C'est un guide et une sage conseillère, capable de vous dire si vous suivez votre voie et quand vous en avez dévié. Elle peut aussi vous révéler si quelque personne ou puissance malfaisante vous a trompé et comment. Elle peut vous apporter de l'aide face à vos problèmes de santé. Enfin, elle peut vous guider dans votre cheminement spirituel. Elle vous amène à regarder à l'intérieur de vous-même comme jamais vous ne l'aviez fait auparavant; vous vous découvrez en harmonie avec toute la création. Elle peut vous fournir des conseils sur tout sujet que vous abordez. Quand vous quittez les aînés, vous vous sentez capable d'agir et de faire face à toute situation. Vous avez atteint l'état d'intégrité.

Source : Les cartes médecines de Jamie Sams et David Carson au Ed. du Roseau

Preceptes de vie amérindiens


LA NATURE

Ne considère pas seulement la nature comme un cadre dans lequel tu peux t'épanouir ,guérir les maladies de l'ame et celles du corps . La nature n'est pas extérieur à ton esprit ,il ne s'agit pas d'un monde différent ,éloigné, difficile à comprendre . Malgré le jeu des apparences ,vous n'avez qu'un seul esprit .

LA SERENITE

Sois toi-mème ,apprend par tes actes à créer des émotions , des sensations et des couleurs ,comme le peintre,comme le créateur d'univers . En toi réside le lieu du plus grand amour . Il n' y a pas d'autre lieu pour aimer.

LES POUVOIRS DE L' ESPRIT

Ton propre esprit n'est pas enfermé ,cadenassé à l'intérieur de toi-mème . Sans que tu le saches ,il communique avec la nature subtile des ètres et des choses . Il se déplace sur de grandes distances ,parle dans tes rèves ,t' adresses des signes que tu ne sais pas traduire . Apprend à lire dans ton esprit ,et le Grand Esprit de l 'univers te répondra .

L' AMITIE

Les yeux de tes frères sont le miroir de ton ame .Apprend à y lire tes propres angoisses ,tes joies, tes certitudes, tes désirs.  Apprend à les aimer.

LA MALADIE ET LA MORT

Tu n'es pas seul face à la maladie .Apprend à voir avec l'oeil de l'esprit ,et tu verras que les objets eux-mèmes éprouvent de la pitié pour les hommes.

LA MEDITATION

Méditer ,c'est contempler le mystère de la nature ,son miracle permanent ,à l'intérieur de soi . Il n' y a nul autre lieu pour communier avec le Grand Esprit de l ' univers.

LA BONTE

La plupart des hommes craignent la bonté ,comme les oiseaux de nuit craignent une trop grande lumière . Ils ont besoin de pénombre pour se travestir ,porter des masques et se mentir à eux-mèmes . La bonté les dérange parce qu'elle leur semble si peu humaine ,plus proche de l'ange que de l'homme . Souviens-toi que la bonté n'est pas une faiblesse de l'ame ,ni une pleurnicherie sur l' épaule de ton frère . Comprend la puissance de la bonté ,son pouvoir infini . Quand elle parait ,la bonté arrache les masques et dénude les coeurs . Le guerrier qui porte l'arc de sagesse l'utilise comme une flèche de feu.

LES REVES

Souviens-toi de tes rèves , observe-les comme un territoire inconnu car ils viennent des profondeurs de toi-mème ,porteurs d'un conseil, d'un message ou d'un avertissement.

LA SOLITUDE

Il existe une différence entre l'isolement ,la réclusion et l'état de profonde solitude . L'homme intérieurement seul ne dresse pas des murs pour se protéger , ne dispose pas d' obstacles entre lui et les autres . Il se tient seul en lui-mème ,c 'est à dire libéré des contraintes ,des idées toutes faites ,des opinions diverses qui encombrent l'esprit.

LA TERRE DE L ' HOMME LIBRE

En toi sont tous les mondes rèvés par l'homme , passés,futurs ,et d'autres encore jamais rèvés . Tout est là ,dans l'espace infini et sacré de ton esprit . Respecte-le ,éprouve de l'amour pour lui ,considère-le comme un dieu ,sans perdre l'idée de ta fragilité ,emporté par le fleuve du temps ,riche et pauvre à la fois.


(Extraits du livre de Jean-Paul Bourre : Preceptes de vie issus de la sagesse amérindienne - Coll: Points-Sagesses-Seuil)

Enseignements Blackfoot


La nation Piikani fait partie de la confédération des Pieds-Noirs. De nombreux aînés croient qu’il existe un cercle oral, ou système, qui relie toutes les Premières nations de l’Amérique du Nord. Dans notre mode de vie traditionnel, notre demeure est sacrée. Les tipis dans lesquels nous nous assoyons en forme de cercle sont à la base de notre système piikani-pied-noir. Premièrement, notre structure circulaire traditionnelle avait un côté féminin et un côté masculin. Au centre, il y avait un feu. Certaines personnes formaient un cercle autour du feu et d'autres s'assoyaient derrière. Du côté opposé de la porte, à l'Ouest, se trouvait une place d'honneur, où nous déposions les ballots sacrés, qui sont la source de l'autorité et des lois de la communauté. L'espace au nord du feu pouvait servir à la préparation du calumet sacré. Devant nos ballots était installé l'autel de purification. L'hacheur de tabac s'assoyait au nord de l'autel et les assistants, près de la porte. Les joueurs de tambour prenaient place au sud du feu. Puis, assises autour du cercle du côté féminin, se trouvaient la célébrante et l'hôtesse. Des gardiennes de ballots similaires s'assoyaient du coté des gardiennes de ballots. Les anciennes gardiennes de ballots et autres grands-mères de cérémonie s'installaient près de la porte. Les gens étaient disposés de la même façon du côté masculin : l'hôte, d'autres gardiens de ballots, puis les grands-parents des gardiens de ballots, les célébrants ou les aînés près de la porte. C'était à peu près la façon de s'asseoir en cercle, quelle que soit la cérémonie.

À une époque, toutes les personnes qui formaient ce cercle avaient une place dans le système des sociétés pieds-noirs. Tous nos processus piikani étaient régis par ces sociétés : elles voyaient au maintien de l'ordre, aux services sociaux et à l'éducation, ainsi de suite. Un processus piikani--pied-noir traditionnel comporte quatre dimensions : lieu, geste, langage et chant. Donc, si je dis que j'appartiens à la société du Calumet du Tonnerre, par exemple, je dois pouvoir démontrer à ses membres mon savoir des quatre dimensions de cette société.

Je dois pouvoir m'asseoir dans leur lieu et poser certains gestes pour démontrer mes capacités et compétences. Je dois parler leur langage et chanter les chants associés à l'autorité du Calumet du Tonnerre. Si je ne peux pas le faire avec respect et compréhension, je ne peux pas faire partie de leur société ou de leur discours. C'est notre façon de protéger une information ou un concept, ou d'en reconnaître l'autorité. Donc, dans cette structure circulaire, il devait y avoir du respect.

Les grands-parents de cérémonie peuvent être appelés à animer ou à superviser des cérémonies. Ils nous procurent aussi leurs conseils et leur direction. Les animaux et les plantes, l'air et l'eau sont donc mes égaux; les étoiles sont mes égales, et je suis l'égal de tous les êtres humains et même des insectes. Donc, le concept de l'égalité des êtres était à l'origine de toutes nos pratiques -- nos formes de gouvernance et nos interactions sociales. Notre langue et nos traditions orales piikani-pieds-noirs reposent sur des pratiques cérémonielles, et nos modes de collaboration et de communication sur une structure circulaire de cérémonie. L'autorité ne se transmettait plus par des rites transférés à l'aide de chants ou de cérémonies; elle provenait maintenant de documents écrits.

L'information remise aux gardiens de rites hérités provient d'une source sacrée. Le Créateur nous a donné notre système judiciaire pour nous aider à prendre des décisions.

Donc, quand nous prenons une décision, nous nous enduisons et prions, et demandons au Créateur de participer à la décision. Il est toujours légitime, car le Créateur est toujours là lorsque nous prenons des décisions, même les décisions les plus techniques. Le Créateur a offert à toutes ses créations des systèmes de gouvernance, comme les sociétés pieds-noirs.

Ces sociétés sont nos systèmes éducatif, administratif, militaire et policier.

Il y a 100 ans dans la nation Pied-Noir, de nombreuses sociétés se côtoyaient : la société des Abeilles, la société des Mouches, la société des Vers, ainsi de suite. L'âge déterminait l'appartenance à une société particulière. Les enfants se joignaient à une société alors qu'ils étaient encore tout jeune, y étaient membres quelques années puis changeaient de société.

Les sociétés offraient un mode d'apprentissage; elles enseignaient aux enfants la discipline mentale, physique et spirituelle. Et lorsque l'enfant grandissait, il était admis à la société adulte appropriée.

À une époque, la pratique de nos traditions était illégale au Canada. Les sociétés ne sont plus clandestines de nos jours, mais bon nombre de celles qui existaient il y a 100 ans ont disparu. Certaines personnes âgées en connaissent encore les rituels. Mais si nous ne leur demandons pas de nous les montrer, nous les perdrons à jamais. Là où vivent les Piikani, on connaît aujourd'hui deux sociétés : la société des Chiens Sans Peur et la société Neepomakeeks, ou société des Mésanges. Les Sangs, les Siksikas, les Sarcis et les Piikani du Sud pratiquent encore la société des Cornes, la société des Pies, la société des Colombes et la société des Chiens Sans Peur. Si vous appartenez à une société et adoptez vraiment ses modes de vie, vous avez le droit de chanter ses chants lorsque vous vous apprêtez à méditer ou à prier, ou à n'importe quel autre moment. Même si vous pensez avoir besoin d'aide spirituelle avant une présentation, vous pouvez chanter pour réussir à mieux vous exprimer, à trouver la force d'aller à la rencontre des gens. Et c'est là qu'est le pouvoir.

Nos sociétés piikani traditionnelles aident à définir notre identité et à la façonner afin que nous puissions reconnaître que nous sommes des êtres complets, investis de nombreux dons du Créateur. Si vous ne vous voyez pas ainsi, si vous négligez votre personne, vous passez à côté du but. Vous devez tenir compte de toutes vos dimensions : le mental, le physique, la spiritualité et les émotions. Toutes ces dimensions doivent être intactes, tout comme vos cinq sens.

Beaucoup de personnes ne comprennent pas vraiment les cinq sens. Mais la plupart du temps de nos jours, nous ne portons pas vraiment attention. Le vrai discernement vient de la pleine conscience du fait que ce qui nous entoure est un don du Créateur. J'ai compris cela lors de ma quête de la vision. Le discernement exige de voir avec des yeux nus pour transmettre le message aux sentiments et aux sens de l'odorat et du goûter, et le ressentir pleinement à l'aide de tout son corps. Et si vous entendez quelque chose, comme des tambours ou un chant, ce message, ce qu'il signifie vraiment, sera transmis à vos sentiments -- et vous l'approfondirez. Nos sociétés, nos systèmes éducatifs, ont été conçues pour nous permettre d'accéder à ce lieu de discernement, ce lieu de respect de tout ce qui nous entoure.

Les pow-wow sont des rassemblements de tout le peuple, où les nations se réunissent, dansent et jouent du tambour. Pour certaines personnes, les pow-wow ont un sens très superficiel qui se limite à la beauté extérieure des perles, des plumes, des chants, des tambours, ainsi de suite. Mais les penseurs indiens, eux, portent attention au statut traditionnel : l'homme qui porte une coiffe en dansant a un chant lui permettant de la porter. S'il tient un hochet, il a un chant lui permettant de le tenir. Cela se rapporte à notre système de croyances. Opshkaukshin sert aussi si quelqu'un a parlé en mal de vous. Et lorsque vous dansez en reproduisant vos rêves ou la manière dont dansaient auparavant vos ancêtres, vos mouvements servent à éloigner ces choses.

Source extrait : REG CROWSHOE ET JEFF CROW EAGLE

Enseignements Oijbwe



Il y a sept directions sacrées.

Parmi elles figurent les quatre points cardinaux du cercle d’influences, représentées chez les Ojibwés par les couleurs jaune, rouge, noir et blanc. Le bleu symbolise notre père le Ciel, dans les sphères célestes, le vert symbolise notre mère la Terre, dans les sphères terrestres, et le mauve symbolise l’être, au centre du cercle. Les sept étapes de la vie sont aussi représentées dans le cercle d’influences. Elles débutent à l’Est et traversent le cercle jusqu’à l’Ouest. Les sept étapes de la vie sont : La Bonne Vie, la Vie accélérée, La Vie errante, les Étapes de la Vérité, de la Planification et de l’Action, et la Vie d’Aîné. Le cercle d’influences compte également les sept enseignements du grand-père. Ces enseignements débutent dans la direction Nord pour se diriger vers le centre du cercle. Ils nous montrent l’honnêteté, l’humilité, le courage, la sagesse, le respect, la générosité et l’amour. Les enseignements du cercle d’influences sont vastes. Chaque direction du cercle ojibwé compte sept enseignements, comportant chacun des sous-enseignements sur divers sujets, comme la provenance et la signification du foin d’odeur et des autres remèdes. Les quatre directions du cercle d’influences nous rappellent de nombreuses choses, comme le besoin de créer un monde équilibré et de tendre tous les jours vers notre propre équilibre intérieur. Ici, vous aurez un premier aperçu de quelques-uns des nombreux enseignements et connexions du cercle. Tout est regroupé par quatre, ce qui facilite l’assimilation et l’apprentissage des notions. Les enseignements des quatre directions débutent à l’Est et suivent le sens des aiguilles d’une montre.

LE CENTRE

Chaque personne porte en elle un feu qu’elle doit nourrir à l’aide de ses connaissances ou de ses expériences et interactions.

L ’EST – WAABINONG

Nous venons de l’Est. L’Est représente la saison du printemps et le printemps de la vie. C’est là que débute notre cheminement d’êtres humains venus du monde spirituel dans le monde physique. Elle, c’est notre mère, celle qui nous donne la vie. Nous naissons quand, en tant qu’esprit, nous demandons au Créateur d’accéder au monde physique. Le Créateur nous accorde ce souhait en nous faisant quatre dons : ceux de choisir notre mère et notre père, pour qu’ils puissent nous aider à atteindre l’équilibre, à trouver la paix intérieure, et ceux de déterminer comment nous viendrons au monde et comment nous mourrons. Par conséquent, dans le monde spirituel, nous trouvons notre mère spirituelle et notre père spirituel, et leur demandons : « Me servirez-vous de véhicule pour accéder au monde physique? » Lorsqu’ils acceptent, le Créateur les unit. Un esprit naît alors dans le monde physique, et la mère le porte pendant neuf mois jusqu’à ce qu’elle perde ses eaux. Nous entrons alors dans le monde physique Notre cheminement débute à ce moment, lorsque le Créateur nous insuffle l’esprit de la vie. Et c’est l’esprit qui motive toute la vie dans ce grand cercle. Jusqu’à notre dernier souffle, nous sommes des esprits en voyage dans le monde physique. La vie est un don. Pour honorer ce don, on nous a donné le tabac. Le tabac nous est donné ici, dans la direction Est, pour nous rappeler de rendre humblement grâce pour tout ce qui vit sans oublier que nous aurons toujours besoin de direction et de protection, et que nous ne pourrions pas exister sans les dons du monde naturel qui nous entoure L’Est nous apporte de nombreux enseignements.

LE SUD – ZHAAWANONG

Ici, dans la direction Sud du cercle d’influences, tout s’épanouit. Les arbres se réveillent pour produire des feuilles. La vie est en effervescence parce que l’été est arrivé; elle danse. Toute la création est nourrie de façon continuelle; tout est nouveau, tout croît. Cette direction est associée à la jeunesse, une étape de la vie marquée par un dilemme; les jeunes n’ont pas encore atteint l’âge adulte, mais ne sont plus des enfants. Ils cherchent à trouver ce qu’ils ont laissé derrière à l’étape de l’enfance ou perdent l’essence qui les habite, parce qu’elle a été mal nourrie.La direction Sud nous rappelle de prendre soin de notre esprit. Lorsque nous atteignons l’équilibre intérieur, l’esprit nous prévient des dangers, nous dit : « Non, ne va pas là. Viens plutôt par ici. » Quoi qu’il arrive, l’esprit, l’intuition, ne se trompe jamais lorsque nous l’écoutons. Le cèdre nous a été donné pour nous aider au Sud. Grand-Mère Cèdre nous aide; ses remèdes nous libèrent de tout ce qui fait obstacle à notre cheminement. Lorsque nous sommes prêts à nous en défaire, elle nous en libère. C’est pourquoi on dit du cèdre qu’il purifie le corps et l’esprit.

L’OUEST – EPANGISHMOK

La direction Ouest correspond à l’étape adulte ou l’étape des baies. C’est là que les pousses de l’été prennent de la maturité. C’est le temps des récoltes. Pour une grande partie de la création, le voyage physique se termine et la vie reprend le chemin du monde spirituel. Le coucher du soleil, à l’Ouest, signifie la mort du jour. Ainsi, nous mourons de plusieurs morts durant une vie. Et tout comme meurent nos vieilles pensées et impressions, pour faire place à de nouvelles, la mort nous envahit plusieurs fois dans une journée. Intérieurement, nous changeons constamment. Nous tournons autour de la porte de l’Ouest en dansant de nombreuses fois par jour pour honorer l’esprit de la mort. À mesure que nous nous enfonçons dans l’âge adulte, la mort et la perte deviennent de plus en plus visibles. À la lumière de la mort, il importe d’accepter que le changement perpétuel fait partie de la vie. L’Ouest représente aussi le cœur, l’évaluateur de ce qui se passe dans notre vie. En tant qu’adultes, nous devons garder contact avec cet évaluateur, parce qu’il nous aide à voir le cycle de la vie, à apprécier les fruits de la vie, à en profiter, à accepter la vieillesse et le changement, et à vivre en paix avec nos vies et nos morts. Nous avons la responsabilité de nourrir notre cœur pour atteindre l’équilibre et de reconnaître le cercle d’influences pour ce qu’il est. Pour nous aider, nous avons reçu le don de la sauge. Lorsque nous nous en enduisons le corps, la brûlons et nous couvrons de sa fumée, nous nous purifions la tête et le cœur pour mieux nous préparer à poursuivre notre chemin. Dans la direction Ouest, nous en avons appris sur la mort et le pouvoir du changement et de la guérison. Nous avons appris que la paix intérieure n’appartient pas au cerveau, mais au cœur. La mort peut être source de liberté : liberté de continuer, d’être. Il est très important de ne pas l’oublier. Nous pourrons un jour apprécier la direction Nord que si nous avons réfléchi attentivement à ces enseignements à l’Ouest.

LE NORD– KIIWEDINONG

Le temps est venu de laisser de côté les questions de naissance et de mort, le continuum de la mort et de la renaissance. La direction Nord correspond à la période de repos. Parce que la mort est suivie d’un repos durant lequel nous songeons au passé, certains appellent la direction Nord la période du souvenir. À cette étape, notre attention se tourne également vers le corps et le besoin d’en prendre bien soin. Nous devons reposer notre corps lorsqu’il est fatigué, tout comme la Terre se repose de ses labeurs en hiver. Et lorsque notre corps a faim, nourrissons-le. Sachons ce dont nous le nourrissons, ce qui est sain pour le corps. Le moment est aussi venu de réfléchir à l’enfance, à l’adolescence et à la vie adulte. C’est donc ici que nous honorons nos aînés. Nos aînés se trouvent ici, en compagnie des gardiens du calumet et des huttes, parce que leurs cérémonies nous procurent les enseignements de toutes les directions du cercle d’influences. Ils nous aident aussi à accepter toutes nos dimensions – l’enfant, l’adolescent et l’adulte – afin que nous puissions ressentir et connaître toute la plénitude de l’être. La direction Nord est un lieu de sagesse. C’est donc ici que l’hiver, les aînés partagent leurs histoires et leurs enseignements. Voilà ce que nous enseignent les quatre étapes du cercle d’influences. Nous apprenons à reconnaître la beauté dans tout ce qu’offre le cycle de la vie, la tristesse et la joie, la vie et la mort. Nous apprenons qu’ils forment un tout, que la mort inclut la vie et que la vie inclut la mort, et que la beauté elle-même vient de l’équilibre complet du cercle. Nous sommes revenus à notre point de départ et je rends grâce. À la porte de l’Est, je dis « Meegwetch », à la porte du Sud, « Meegwetch », à la porte de l’Ouest, « Meegwetch », et à la porte du Nord, « Meegwetch».

Source extrait : Lilian Pitawanakwat

Enseignements Cree


Le peuple Cree avait reçu un nom qui symbolise les quatre dimensions de l'être. Ce nom fait référence à l'équilibre des quatre dimensions représentées par les quatre points cardinaux du cercle d'influences. Chez les êtres humains, ces quatre dimensions sont la spiritualité, le physique, les émotions et le mental. Nous devons tenter de maintenir l'équilibre des quatre dimensions qui nous ont été données pour mener nos vies. Le feu est au centre du cercle d'influences, d'où provient la signification des enseignements. Le feu représente aussi l'être. Lorsque nous regardons le cercle d'influences, nous partons de nous-mêmes puis traçons notre cercle en regardant vers l'extérieur. C'est ainsi que le cercle d'influences symbolise notre cheminement de vie. Les personnes âgées vous diront qu'il représente la vie.

Prenons les quatre saisons et la trajectoire du soleil. Le printemps est situé à l'est, l'été au sud, l'automne à l'ouest et l'hiver au nord. Cela explique très bien comment la vie naît en lumière, à l'est, puis s'éteint graduellement à mesure qu'elle se dirige vers l'ouest et le nord. Comme le soleil, la vie nous est donnée puis nous quitte. Ce que nous faisons de cette vie constitue notre cheminement. C'est pourquoi nous avons besoin des dons des quatre points cardinaux -- les dons de l'esprit, du corps physique, des émotions et du mental -- et nous devons en maintenir l'équilibre.

De nos jours, beaucoup de gens sont en déséquilibre parce qu'ils ont tendance à ne privilégier que deux dimensions de l'être, le mental et le physique. Ils oublient de prendre soin de leur côté spirituel et ne savent souvent pas comment exprimer et vivre leurs émotions. Les gens pensent que démontrer de la colère équivaut à exprimer ses émotions. Mais l'émotivité, ce n'est pas cela. La colère est un mécanisme de défense qui protège nos émotions.

Quant à l'esprit, nous ne semblons jamais avoir le temps de nous y attarder. Les gens pensent que la spiritualité exige de longues périodes de dévotion. Mais être spirituel signifie se rappeler; se rappeler que l'esprit est le premier des dons reçus à la naissance. Or, nous avons tendance à l'oublier. Les enseignements du tipi, comme je les appelle aujourd'hui, portent sur l'entretien des quatre dimensions de l'être - la spiritualité, le physique, les émotions et le mental -- qui puisent leurs racines dans les quatre points cardinaux. Le tipi est également un symbole de la femme.

Pour nous, le mot tipi ne veut rien dire. De nos jours, nous utilisons le mot cri migawap. Au début, la hutte n'avait pas la forme d'un tipi. Elle avait la forme d'un dôme. Aujourd'hui, la hutte en dôme sert de suerie. Quand elle nous a été donnée, nous ne pouvions pas y faire de feu. Pour dormir au chaud, les gens collectaient les pierres à l'extérieur, les chauffaient et les plaçaient dans une fosse au milieu de la hutte. Mais ils ne pouvaient pas y faire de feu pour cuisiner. Ils devaient préparer la nourriture à l'extérieur.

Quand la structure du tipi a changé et que la hutte a grossi, les gens ont pu se mettre à y faire du feu. En cri, le centre -- le feu -- s'appelle iskwuptew. Dans notre langue, nous disons iskwew pour une femme et iskwewuk pour plus d'une femme. Nous portons le nom de ce feu, iskwuptew. C'est un nom très puissant parce qu'il honore le caractère sacré de ce feu.

Lorsqu'on installe correctement un tipi, on ne voit pas le bas des perches. Il monte alors dignement vers le ciel tout comme le faisaient autrefois les femmes, les jambes cachées sous la jupe qui représente aussi le cercle sacré de la vie. Et lorsqu'on relève les rabats du tipi, on voit comment on accueille la vie. Les rabats rappellent une femme debout, les bras ouverts, qui remercie la vie pour tout. C'est l'esprit et le corps de la femme, laquelle représente le pilier de la famille et de la communauté. La femme nous enseigne les valeurs qui assurent notre équilibre. C'est pour cela que la construction du tipi est un geste si solennel. La cérémonie de la construction du tipi représente la valeur des enseignements des femmes.

Personnellement, quand je prépare quelque chose, ce n'est pas seulement pour le faire; j'y accorde un sens. Quand je cueille le foin d'odeur par exemple, quand je le tresse, je fais une certaine prière. Ensuite, quand je le donne à une personne et qu'elle le brûle, mes prières sont libérées et viennent l'aider. Quand je construis un tipi, quand je le monte pour la première fois, je dois l'orienter vers l'est parce qu'à mes yeux, le tipi n'est pas seulement un symbole, c'est une cérémonie. L'entrée est très importante lors de la cérémonie du tipi. Les Cris l'orientent vers l'est, qui représente le début de la Création. Lorsqu'une personne me demande de construire un tipi, je lui montre la cérémonie pour qu'elle puisse s'ouvrir au vrai sens et au vrai enseignement du tipi. J'espère ainsi toucher son esprit et l'aider dans son cheminement de vie. Je demande habituellement à la femme de la famille d'offrir le tabac, parce que le tipi est un symbole de femme et que la cérémonie est un enseignement de femme.

LES PERCHES

Nous pourrions discuter longuement de chacune des perches; elles contiennent toutes de nombreux enseignements, qu’on comprend vraiment avec le temps et l’expérience. Les termes généraux suivants offrent un aperçu de ce que chaque perche représente.

Chaque fois que nous plaçons une nouvelle perche, nous la fixons aux autres avec de la corde. Il faut le voir pour en apprécier l'enseignement. Cette corde est le lien sacré qui lie entre eux tous les enseignements.

OBÉISSANCE 

L’obéissance signifie que nous acceptons les conseils et la sagesse des autres en ouvrant nos oreilles plutôt que notre bouche. Nous apprenons en écoutant les récits traditionnels, nos parents, nos gardiens, nos pairs et nos professeurs. Leurs comportements et leurs rappels nous informent sur le bien et le mal.

RESPECT 

Le respect signifie que nous rendons honneur à nos aînés, à nos pairs, aux étrangers en visite dans notre communauté et à toutes les formes de vie. Nous devons honorer les droits fondamentaux des autres.

HUMILITÉ 

Nous ne sommes pas supérieurs ou inférieurs aux autres dans le cercle de la vie. Nous nous sentons plus humbles quand nous comprenons notre rapport à la Création. Nous sommes si petits comparativement à sa majestueuse étendue, un simple fil de la toile de la vie. Comprendre cela nous aide à respecter la vie et à y accorder toute sa valeur.

BONHEUR 

Une fois le trépied assemblé, une quatrième perche vient compléter la porte. Cette perche nous enseigne le bonheur. Nous devons faire preuve d’enthousiasme pour encourager les autres. Nos bonnes actions plairont à nos ancêtres dans l’autre monde. C’est ainsi que nous partageons le bonheur.

AMOUR

Pour vivre en harmonie, nous devons nous accepter les uns les autres, tel que nous sommes, et accepter les personnes qui ne font pas partie de notre cercle. Aimer signifie que nous sommes bons et doux envers nous-mêmes et les autres.

FOI 

Nous devons apprendre à croire les autres, à leur faire confiance et à croire en une force suprême, que nous adorons et qui nous donne la force de mériter notre place au sein de la race humaine. Pour maintenir notre spiritualité, il faut l'alimenter tous les jours et pas seulement de temps à autre. Ce n’est pas quelque chose qu’on fait une fois par semaine; c’est notre vie.

APPARTENANCE

Notre famille nous importe. Elle inclut nos parents, nos frères et nos sœurs qui nous aiment et nous procurent les racines nous liant à la Terre, source de vie. Elle inclut aussi les membres de notre famille élargie, c’est-à-dire nos grands-parents, nos tantes, nos oncles et nos cousins, ainsi que leurs belles-familles et enfants. Ces gens sont aussi nos frères et sœurs, et contribuent à notre sentiment d’appartenance à la communauté.

HYGIÈNE

De nos jours, quand nous parlons d'hygiène, la plupart des gens pensent à l'hygiène du corps, qui est très importante. Il y a des années, cependant, quand les personnes âgées parlaient d'hygiène, elles faisaient référence à l'esprit. Lorsque je m’assoyais avec les vieilles Kookums dans le tipi, elles étaient très puissantes sur le plan spirituel. Les pensées pures proviennent d’un esprit pur, fruit de la spiritualité. La pureté de l’esprit et la sérénité nous enseignent à ne pas maltraiter les autres. Les bonnes habitudes de santé sont également le reflet d’un esprit pur.

RECONNAISSANCE 

Nous apprenons à rendre grâce, à toujours être reconnaissants envers le Créateur de sa générosité, que nous avons le privilège de partager avec les autres. Nous sommes reconnaissants pour tout ce que les autres font pour nous.

PARTAGE 

Nous apprenons à faire partie d’une famille et d’une communauté en contribuant à leur approvisionnement en nourriture et autres produits essentiels. Le partage des responsabilités nous enseigne l’importance de collaborer et d’apprécier les fruits de notre labeur.

FORCE Nous ne parlons pas de force physique mais de force spirituelle. Durant l’enfance, le jeûne nous a appris la force spirituelle. Nous devons apprendre à être patients et à ne pas se plaindre quand les temps sont durs. Nous devons endurer et faire preuve de compréhension. Nous devons accepter nos propres difficultés et tragédies afin de donner aux autres la force d’accepter les leurs.

SAINE ÉDUCATION DES ENFANTS 

Les enfants sont des dons du Créateur. Nous sommes responsables de leur bien-être spirituel, émotionnel, physique et intellectuel, puisqu’ils ont reçu le don de représenter le cercle continu de la vie, que nous jugeons être la volonté du Créateur.

ESPOIR 

Nous devons envisager d’aller vers l’avant. Nous devons sentir que les graines que nous plantons porteront fruit à nos enfants, nos familles et nos communautés.

PROTECTION ULTIME 

C’est la dernière de nos responsabilités pour assurer l’équilibre et le bien-être corporel, mental, émotionnel et spirituel de la personne, de la famille, de la communauté et de la nation.

RABATS DE CONTRÔLE 

Les rabats de contrôle du tipi nous apprennent que nous sommes tous liés par nos relations et dépendons les uns des autres. Le fait de respecter et de comprendre cette connexion assure l’harmonie et l’équilibre dans le cercle de la vie. Lorsque nous n’utilisons pas correctement les rabats, le tipi se remplit de fumée qui nous empêche de voir. C’est comme la vie : si nous ne vivons pas en harmonie, nous ne voyons pas où nous allons.

EST

L'esprit de la femme vient de l'est, où se lève le soleil, où naît notre chaleur et notre vision. Son esprit fait entrer la chaleur dans nos maisons. La sauge est l’une de nos quatre plantes médicinales sacrées. Elle réside également à l’est, parce qu’elle appartient aux femmes et vient de la plante du bison qui leur a été donnée. On l’appelle la sauge du bison des Prairies.

SUD

Ici, au sud, toute la vie bourdonne. C’est l’été. Le sud représente notre dimension physique. À cette étape de notre cheminement, nous devenons de jeunes gens.

NORD

Nous avons débuté à l’est, nous sommes passés au sud puis nous nous sommes dirigés vers la dimension émotive, à l’ouest. Cela ressemble à n’importe laquelle de nos cérémonies. Elles débutent à l’est puis se terminent dans la direction nord, tout comme notre cheminement de vie.

LE TAMBOUR

Les quatre points cardinaux du cercle d’influences comportent un enseignement sur la responsabilité et la relation entre les quatre étapes de la vie. Cet enseignement provient de l’enseignement du tambour. du cercle qu’il constitue. Au moment d’attacher le tambour, le croisement des directions montre comment le parent peut élever le nourrisson parce que le cordon va de l’enfant à l’adulte. Il se dirige ensuite vers l’aîné, puis vers l’adolescent.

Source extrait : Mary Lee

Enseignements Mohawk


Le peuple iroquois ou haudenosaunee est une confédération des nations Mohawk, Oneida, Onondoga, Cayuga, Sénéca et Tuscarora. Nous sommes le peuple de la maison longue, le coeur de notre vie et de nos pratiques spirituelles. Nos langues sont toutes apparentées, bien que les Iroquois de l'est et de l'ouest aient des dialectes quelque peu différents. Par exemple, les Mohawks disent lodeenosaunee alors que les Sénécas disent haudenosaunee. Notre peuple est matrilinéaire, ce qui signifie que notre clan vient de la mère.

Dans les cultures haudenosaunees, vous naissez membre d'un clan; vous ne pouvez pas accéder à un clan particulier en payant ou en y rêvant; nous appartenons au clan auquel appartenait notre mère. Selon nos traditions, l'homme qui se marie doit aménager dans le village de sa femme. Tout va également à la femme, y compris les enfants.

Et on ne peut pas marier une femme de son propre clan. Donc un membre du clan du Loup ne peut pas marier une femme du clan du Loup, ou un homme du clan de la Tortue une femme du clan de la Tortue. Ces gens sont considérés comme des frères et soeurs. Il y a quelque temps, certains d'entre nous sont retournernés vivre au coeur du territoire mohawk original, sur nos anciennes terres de la vallée Mohawk, près d'Albany, New York.

Vous voyez, quand les Européens sont arrivés, il y a eu des conflits. Les Mohawks les ont combattus pendant un peu plus d'un siècle, pour conserver leurs terres. Mais les épidémies de variole et de rougeole ont tué tellement de Mohawks, et les Européens ont utilisé tant de tricherie et de moyens belliqueux que les Mohawks se sont fatigués et ont monté au nord. En partant, toutefois, nos ancêtres ont dit qu'un jour, leurs arrière-petits-enfants reviendraient. Nous sommes donc revenus dans notre mère patrie en premier lieu parce que nos ancêtres l'avaient prédit. Nous sommes aussi revenus pour donner un souffle nouveau à nos traditions.

Notre récit de la Création parle d'une femme venue d'un autre monde. Un jour, ce monde s'approcha de notre planète et cette femme vint. Elle est l'arrière, arrière-grand-mère des êtres humains, et portait différents noms. Ajinjagaayonh, qui signifie une fleur adulte, était l'un de ces noms. Parfois, nous l'appelons aussi la Femme du Ciel. Lorsque la Femme du Ciel vint sur notre planète, il n'y avait que de l'eau. Les oiseaux l'aidèrent à se rendre et une tortue lui offrit son dos, pour s'y installer. La Femme du Ciel avait apporté différentes choses : des fraises, des framboises et des pêches. Pendant qu'elle était assise sur la tortue, les animaux plongèrent au fond de l'eau pour remonter la terre qui s'y trouvait. Ils rapportèrent la terre à la surface, en recouvrirent la tortue puis moururent tous, sauf un. La Femme du Ciel fit le tour de la tortue dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, ce qui produisit le miracle de la naissance. Les graines se transformèrent en êtres humains et les pousses de maïs en gros épis. Pendant qu'elle faisait le tour de la tortue, la Femme du Ciel chantait des chants provenant de l'autre monde. Certaines personnes y voient les origines de notre danse de la plume; elles pensent que c'est ce qu'elle faisait. Plus elle dansait et plus se poursuivait le miracle de la naissance. La tortue devint la Terre, notre continent, le sol s'étendit et la végétation se mit à pousser. Si nous tournons en rond, de la sorte, lors de nos cérémonies de la maison longue, c'est pour que le maïs, les haricots et les arbres continuent de pousser, parce qu'elle les fit pousser, en ajoutant que c'était la façon de faire dans son monde.

Depuis ce jour, nous formons des cercles sacrés dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, comme le faisait notre grand-mère. Dans les territoires ojibwés ou lakotas, les gens suivent le sens des aiguilles d'une montre. Mes aînés m'ont appris à respecter leurs traditions. Quand le Créateur a parlé aux Ojibwés et aux Lakotas, il leur a dit comment faire; ce n'est pas à moi de mettre cela en doute. Ils dansent dans le sens des aiguilles d'une montre; s'ils me demandent de danser, je les imite.
Et quand un vrai Ojibwé or Lakota vient chez-nous, il fait pareil. Il danse à notre façon, sans hésitation. Nos aînés nous ont appris à procéder de cette façon, dans le respect de l'autre.

Notre mère, la Terre, est donc la fille de la Femme du Ciel. Elle mourut en donnant naissance à deux fils jumeaux. Au moment de sa mort, ils couvrirent son corps d'un monticule de terre. À l'époque, les gens recouvraient les corps; ils ne les enterraient pas au fond d'une tombe. Aux quatre coins du Midwest américain, on trouve des monticules de près d'un demi-kilomètre de haut par 1,5 kilomètre de long. Ils ont été créés, il y a longtemps et ont tous un lien avec ces récits. La fille de la Femme du Ciel donna naissance à deux jumeaux, la nuit et le jour, c'est-à-dire le soleil. La Femme du Ciel préférait la nuit à son frère, le jour, qu'elle n'aimait pas beaucoup.

C'est pourquoi nous appelons la Femme du Ciel Grand-Mère Lune. C'est pour cela que nos esprits ont trois dimensions. Donc, lorsque nous venons au monde, chacun de nous possède trois esprits, c'est-à-dire trois âmes. Vu qu'elle s'est servie des jumeaux pour faire les humains, une de nos parties vient de cet endroit dans les cieux, et y retournerne. C'est pourquoi ont entend les Sénécas, les Mohawks ou les Cayugas crier très fort trois fois lorsqu'ils brûlent du tabac; ils proclament leur humilité et remercient le Créateur et notre mère, la Terre, de leur avoir donné la vie, le privilège de fouler la terre.

Les quatre points cardinaux abritent quatre vents responsables des changements de saison : les vents de l'est, du nord, du sud et de l'ouest. Il y a aussi quatre êtres sacrés, appelés les «créatures du Ciel,» que le Créateur envoya au début de la création lui servir d'assistants et de messagers. Parfois, nous appelons les quatre êtres du Ciel les quatre frères, ou tout simplement le nord, l'est, le sud et l'ouest. Le Pacificateur était l'un de ces messagers. Ils sont venus à différents moments de l'histoire, lorsque notre discipline était chancelante ou que nous oubliions nos enseignements spirituels. Selon la prophétie de la Grande Loi, l'emploi du nom du Pacificateur lors de conversations est signe que nous nous dirigeons vers cet autre monde.

Tous les chiffres ont une histoire à raconter. Par exemple, quand un Haudenausaunee compte de un à dix, il raconte une version très courte de notre récit de la création. Quand nous disons notre mot pour «un», nous faisons référence à la Femme du ciel, qui était là la première. Ensuite, notre mot pour le chiffre «deux» fait référence à la fille de la Femme du ciel, qui a donné naissance à des jumeaux. Chez nous, le mot «deux» provient donc du mot «jumeau.» Quand nous disons «trois», en langue Mohawk, nous pensons au moment où la Femme du ciel a été posée au milieu du dos de la Grande Tortue. Notre mot pour le chiffre trois évoque donc l'idée d'être «au milieu». Dans notre langue, le chiffre quatre évoque le moment où la vie a été donnée, où les gens des quatre races ont commence à respirer, à cligner des yeux et à se déplacer. Le mot signifie " Cela est bon, cela est juste". Quand on dit le chiffre quatre, on évoque ainsi l'arrivée de la vie sur le dos de la Tortue. Il en va ainsi pour tous les chiffres, jusqu'à dix. Ce dernier nous apprend ou nous rappelle l'histoire du Frère qui est devenu la Nuit, l'arrivée sur Terre de la Femme du ciel, le caractère sacré du corps, l'équilibre et enfin, l'endroit d'où nous sommes venus, le Monde du Ciel. Arrivé au chiffre 10, le cycle est complété. Ainsi, quand nous, les Mohawks, comptons de un à dix, nous redisons automatiquement notre récit de la création.

L'une des premières tâches serait d'enseigner aux enfants à prier. Un jour, grand-mère est venue s'asseoir au pied de mon lit et m'a réveillé. Et elle m'a dit : «Alors, je vais te dire. Chaque matin, dès que tu ouvriras les yeux, avant même de mettre le pied hors du lit pour te lever, tu diras "nya weh -- merci, vous qui m'avez fait -- je vous remercie, je vous salue, je vous donne mon amour" parce que le Créateur t'a donné son amour. C'est tout ce que tu dois dire pour rendre le Créateur heureux.

Donc, je dis cela depuis plus de 60 ans, depuis qu'elle me l'a demandé. Les vrais Iroquois devraient faire de 50 à 60 prières par jour.

Source extrait :  Tom Porter

Enseignements Micmac


Dans le récit de la création du peuple micmac, Glooscap fut la première personne créée, la tête couchée dans la direction du soleil levant, les pieds dans la direction du coucher de soleil et les bras en croix, l’un tendu vers le Sud, l’autre le Nord. C’est ainsi que Glooscap fut créé sur la surface de la Terre, son corps pointant dans les quatre directions. Il fut créé à même tous les éléments de la Terre : la poussière et les feuilles, les plantes, la pierre et le bois. Tout fut rassemblé pour créer Glooscap sur la surface de la Terre. Mais tout n’a pas commencé par Glooscap. Il apparut durant les sept étapes de la création, représentées par les sept directions sacrées. La première étape de la création apporta le Donneur de vie. Dans la compréhension micmaque du monde, le ciel ou la direction du haut symbolise la première étape de la création. Grand-Père Soleil est la deuxième étape de la création. Le soleil, ou la direction du centre, symbolise l’être. Notre mère, la Terre est la troisième étape de la création. La direction sous nos pieds la représente. Glooscap couché la tête à l’Est alors qu’il prend forme représente la quatrième étape de la création. À cette direction sont associés l’autorité et les oiseaux. Grand-Mère dans le Sud représente la cinquième étape de la création. Elle symbolise la sagesse et la connaissance, ainsi que la vie animale. Le jeune homme – le Neveu – et l’Ouest représentent la sixième étape de la création. Ils symbolisent la jeunesse, la vision, la force, les poissons et la vie marine. La Mère dans le Nord représente la septième étape de la création. Elle symbolise la compréhension, l’amour et les plantes. Voilà les sept directions sacrées qui représentent les sept étapes de la création.

LA PREMIERE ÉTAPE DE LA CRÉATION – LE DONNEUR DE VIE

Le Donneur de vie est la première action. Il est le mystère de la création qui existe tout autour, se présente sous forme de grands cercles et commande notre admiration. Nous l’apercevons dans les fleurs et les feuilles qui sortent au printemps pour s’épanouir sous le soleil, le vent et la pluie de l’été; dans le soleil qui gagne en puissance au fil des jours et l’eau qui se met à fuir; dans les plantes qui perdent leur vitalité à l’automne, meurent et viennent offrir leurs nutriments aux racines et à la terre pour créer de nouveau – la vie donnant la vie. Pris dans leur ensemble pour ne former qu’un, toute cette splendeur, ces cycles de vie et de mort contiennent le mystère de l’existence et font partie des merveilles de la création qui nous entoure.

LA DEUXIÈME ÉTAPE DE CRÉATION – GRAND-PÈRE SOLEIL

La deuxième étape de la création est le soleil que nous appelons Nisgam, ou grand-père. Grand-Père Soleil nous donne les ombres. Lorsque nous disons « ombre » en micmac, nous faisons référence aux esprits de nos ancêtres. Les ombres que Grand-Père Soleil nous offre sont les esprits de nos ancêtres.

LA TROISIÈME ÉTAPE DE LA CRÉATION – NOTRE MÈRE, LA TERRE

La troisième étape de la création, sous nos pieds, est notre mère, la Terre, que nous foulons et qui contient les esprits de nos ancêtres. Dans notre langue, la terre se nomme Oosgit et le dessus du tambour, s’applique aussi à la terre qui recouvre la surface de la Terre, la matière sur laquelle nous marchons et que nous partageons avec tous les êtres vivants. C’est pourquoi nous appelons notre mère, la Terre. Et quand je dis qu’elle est notre mère, j’utilise le mot Oogitjinoo. Ainsi, lorsque nous parlons du tambour, nous parlons de notre mère, la Terre. Lorsque nous entendons battre le tambour, nous entendons battre le cœur de notre mère, la Terre.

LA QUATRIÈME ÉTAPE DE LA CRÉATION – GLOOSCAP à l’EST

À la quatrième étape de la création, un éclair frappa la Terre et, sur sa surface, créa une personne à même les éléments – la poussière, les feuilles, les plumes, les os, la pierre et le bois. C’est ainsi qu’à la quatrième étape de la création apparut Glooscap, la tête couchée dans la direction du soleil levant, à l’Est, les pieds dans la direction du coucher de soleil et les bras en croix, l’un tendu vers le Sud, l’autre le Nord. Glooscap fut heureux d’avoir reçu la visite de l’aigle, et le regarda s’éloigner dans le ciel. Lorsqu’il prit son envol, l’oiseau laissa une plume flotter derrière lui dans l’air. Avant qu’elle ne touche le sol, Glooscap l’attrapa et leva les yeux au ciel. La plume d’aigle à la main, il se sentait très puissant. Depuis ce jour, la plume de l’aigle est un symbole de puissance liant notre peuple au Donneur de vie, à Grand-Père Soleil et à notre mère, la Terre.

LA CINQUIÈME ÉTAPE DE LA CRÉATION – Grand-Mère

Glooscap se mit à voyager et aperçut une veille femme assise sur une roche. Il s’approcha et lui demanda : « Qui êtes-vous? D’où venez-vous? » La veille femme le regarda et dit : « Tu ne me reconnais pas? Je suis ta grand-mère. Je dois mon existence à cette roche sur le sol. Grand-Mère enseigna donc le feu à Glooscap et sa relation avec notre survie. Ils vécurent ensemble et Grand-Mère lui transmis son savoir. Elle confectionna leurs vêtements et fabriqua leurs outils avec l’animal qu’avait rapporté Glooscap, et lui montra tout ce qu’il devait savoir sur la survie.

LA SIXIÈME ÉTAPE DE LA CRÉATION – LE NEVEU

Glooscap fut heureux que son neveu soit venu sur la Terre partager sa vie et offrir sa force et sa vision -- parce que les jeunes voient au-delà de nous; ils voient l'avenir et nous servent de guide afin que nous puissions partager notre survie avec les générations futures. Ayant compris cela, Glooscap et son neveu retournernèrent auprès de Grand-Mère. Et parce que le neveu devait son existence à l'océan, Glooscap fit appel aux poissons. Nous avons besoin de vous pour survivre. Il s'excusa d'avoir pris la vie et l'ombre des poissons. Et il s'excusa auprès de notre mère, la Terre, d'avoir pris de ses éléments pour assurer sa propre subsistance et celle de Grand-Mère et de son neveu. Grand-Mère prépara un festin de poisson pour célébrer l'arrivée du jeune homme, le neveu de Glooscap. Ils mangèrent et partagèrent leur vie, et Grand-Mère continua à leur apprendre tout ce qu'il y avait à savoir sur le monde et les moyens de survie sur la terre.

LA SEPTIÈME ÉTAPE DE LA CRÉATION – LA MÈRE

Un jour, Glooscap était seul près du feu qu'il venait d'alimenter. Une femme apparut et vint s'asseoir à ses côtés. Il la regarda et répondit : «Qui es-tu? Tôt ce matin, j'étais une feuille qui se détacha de son arbre et tomba par terre. La rosée se forma sur la feuille et là, avec l'aide du Donneur de vie, de Grand-Père Soleil et de notre mère, la Terre, je reçus le corps d'une jeune femme. J'apporte les couleurs du monde : le bleu du ciel, le jaune du soleil, le vert de l'herbe, des arbres et des feuilles, le rouge de la terre, le noir de la nuit et le blanc de la neige. Et j'apporte la compréhension et l'amour, pour que mes enfants apprennent à prendre soin les uns des autres, à compter les uns sur les autres et à s'aimer les uns les autres. Glooscap fut heureux qu'elle soit venue lui apprendre comment aimer, comprendre et partager, lui enseigner que nous comptons tous les uns sur les autres pour survivre.

LES ORIGINES DE LA NATION ET DES CLANS MICMACS

Un jour, l’aigle revint rendre visite à Glooscap. Il expliqua à Glooscap que sa Grand-Mère et lui devaient quitter ce monde pour se rendre à l’Ouest et au Nord. Ils devaient traverser dans le monde spirituel et y rester jusqu’à ce que le peuple micmac soit menacé d’extinction et ait besoin de leur aide.

L’aigle dit également à Glooscap que sa mère et son neveu devaient prendre soin du Feu du Grand-Esprit. Il ajouta : « De ce feu jaillira une étincelle qui, en frappant le sol, fera naître une femme. Une autre étincelle jaillira et une autre femme sera créée, et puis une autre, jusqu’à ce qu’il y ait sept femmes. Puis, d’autres étincelles jailliront au fil du temps et sept hommes seront créés. Ensemble, ces sept hommes et sept femmes formeront sept familles. » Le peuple micmac est l’une des sept familles issues des étincelles.

L’aigle expliqua à Glooscap qu’après un certain temps, une fois que les sept familles auront appris les enseignements, ils quitteront la région du grand feu et se disperseront. Le peuple micmac se retrouva dans les Maritimes. Et afin de ne pas oublier la signification et le sens des sept étapes de la création, nous nous sommes séparés en sept clans, ou maouiomis. Pendant des milliers d’années, les chefs traditionnels de ces maouiomis ont conservé le savoir et l’histoire de ces sept territoires, ces sept Chibouktous, ou Feux sacrés.

RITUEL MICMAC DU SOUVENIR DE LA CR ÉATION

Donc, une fois sept hivers passés, les sept clans revinrent avec leurs sept feux raviver le feu original, qui représente les quatre premières étapes de la création – pour honorer le Donneur de vie, Grand-Père Soleil, notre mère, la Terre, et Glooscap, et pour se rappeler l’éclair et les étincelles qui leur avaient donné la vie et avaient créé le Feu du Grand-Esprit. Les sept clans placèrent sept pierres dans le feu pour représenter les sept premières étapes de la création, et sept pierres supplémentaires pour les sept familles originales issues de la première étincelle. Ils y placèrent sept autres pierres pour les clans de chacune de ces sept familles. Ensuite, ils rassemblèrent leurs remèdes, leurs plantes médicinales, leurs racines et leurs feuilles, et sept pierres de plus pour représenter les sept grands remèdes que ces familles apportaient. En tout, ils avaient jeté 28 pierres au feu.

Notre suerie est formée de sept jeunes arbres recourbés et sa porte est orientée vers l’Est. Les sept chefs héréditaires pénètrent dans la hutte, le ventre de notre mère, la Terre, et demandent au peuple de couvrir la hutte de sept peaux d’animal. Et les chefs demandent ensuite que soient apportées les sept premières pierres, qui représentent la Grand-Mère. Nous fermons alors la porte puis versons de l’eau sur ces pierres pour nous rappeler comment Grand-Mère fut créée à même la pierre quand la rosée s’y forma et fut chauffée par Grand-Père Soleil – comment elle est née de l’union de la lumière et de la chaleur – le feu et l’eau convergeant sur la pierre. La vapeur purifie nos corps et notre sueur retournerne à notre mère, nous liant à la création, à nos ombres. Les portes s’ouvrent alors et nous chantons nos chants et partageons le calumet et le foin d’odeur. Puis nous demandons une fois, deux fois, trois fois que soient apportées sept autres pierres, et faisons offrande à chacun des points cardinaux et à tout ce qu’ils nous ont donné : les enseignements de la Grand-Mère et des aînés, le neveu et nos mères. Et lorsque la porte s’ouvre, tout le monde fait le tour du cercle et ressort, comme des enfants qui entrent dans le monde.C’est ainsi que nous rendons honneur aux sept étapes de la création et aux sept directions sacrées dans nos cérémonies : celles de la suerie, du foin d’odeur qui honore le neveu, de l’offrande du tabac qui rappelle la création de la Mère à partir d’une feuille et du calumet qui symbolise les enseignements de la Grand-Mère et de la Mère en joignant ensemble la pierre et la plante, le fourneau de pipe en pierre et le tuyau en bois.

La fumée du foin d’odeur et du calumet transporte les mots et les prières de tous ceux que nous invitons dans notre cercle de cérémonie. Nous offrons cette fumée et ces prières aux sept directions. Nous levons les yeux au ciel pour remercier le Donneur de vie de nous avoir donné la vie. Nous nous tournons vers l’intérieur pour remercier Grand-Père Soleil de nous avoir donné notre ombre. Nous nous tournons vers notre mère, la Terre, et la remercions d’avoir donné d’elle-même pour nous créer. Nous nous tournons vers l’Est pour remercier Glooscap de son autorité et pour nous rappeler l’aigle et l’oiseau. Nous nous tournons vers le Sud, vers Grand-Mère, née de la pierre, et nous nous rappelons ses dons de la sagesse et les animaux. Nous nous rappelons le neveu, qui est allé vers l’Ouest – avec en lui le don de la force et le regard des ancêtres tourné vers l’avenir – et apporta le poisson. Nous nous tournons vers le Nord, où la Mère est née de la feuille d’un arbre, symbole des plantes, des couleurs et des enseignements de l’amour et des façons de prendre soin les uns des autres.

Source extrait : Stephen Augustine